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Spécial Etats-Unis

Strobo Mag

Dans un climat politique déjà tendu, l'administration Trump a intensifié ses attaques contre les droits des personnes de la communauté LGBT et tout spécifiquement les transgenres, exacerbant les divisions au sein de la société américaine. Sous le prétexte d'une prétendue protection des valeurs traditionnelles, de nombreuses décisions ont été actées pour restreindre l'accès des personnes transgenres à de multiples secteurs du quotidien. Ces actions ne se contentent pas d'affaiblir des vies ; elles révèlent une hostilité systémique à l'égard des droits civiques fondamentaux. Compte rendu non exhaustif.

Censure linguistique : l'administration Trump supprime des mots « non conformes »

La présidence de Donald Trump ne fait pas dans la dentelle. Sa manière de voir le monde a une incidence de premier ordre sur les éléments de communication qu’il considère comme étant autorisé ou non à employer. Le quotidien le New York Times a révélé la longue liste de mots et phrases désormais bannis. Celle-ci est impressionnante et permet de mettre en lumière les lubies du dirigeant américain. En l’espace de quelques semaines à la tête de l'État, il a procédé progressivement à la suppression de ce ces termes au sein des discours, des rapports et des documents officiels.

Cette décision soulève des questions sur la liberté d'expression, la transparence gouvernementale et l'impact d'une telle censure sur le discours public. D'après des sources proches de l'administration, cette initiative visait à contrôler le message et à façonner la perception du public. Parmi les mots ciblés figuraient des termes liés à des sujets sensibles tels que le changement climatique, la diversité, et les droits des minorités. « femme », « inclusivité », « minorité », « lgbtq », « diversité », « genre », « non-binaire », « transgenre »… mais cela ne se limite pas à effacer notre existence, à travers ces mots qui sont désormais formellement interdit et donc retirés de la communication officielle apparaissent notamment « science », « évident », « pollution », « anti-racisme ». 

 

Exclusion des personnes transgenres de l’armée

La volonté de Trump de mettre les personnes trans au ban de la société américaine n’a pas de limite. Le Pentagone a annoncé, dans une note de service publiée le 26 février, que les militaires transgenres seront expulsés de l’armée, sauf dérogations spéciales.

Cette décision s’inscrit dans le cadre d’une procédure judiciaire et vise ceux ayant un diagnostic ou des antécédents de dysphorie de genre. Les dérogations ne seront accordées qu’au cas par cas, justifiant un « intérêt gouvernemental impérieux » et nécessitant la preuve d’une stabilité sociale et professionnelle de trois ans comme le rapporte le quotidien Le Monde.

Cette mesure renverse la politique mise en place en 2016 sous Barack Obama, qui avait levé l’interdiction de service pour les transgenres.En 2019, l’administration Trump avait rétabli cette interdiction, qu’un décret de janvier dernier a renforcée, affirmant que l'« idéologie transgenre » n’est pas compatible avec les normes militaires. Un énième coup violent porté à la communauté trans qui est attaquée de toutes parts par une lubie d’anéantissement pure et dure orchestrée par Trump et ses sbires. 

 

Apple résiste, Trump capote

« Apple devrait mettre à la poubelle ses règles DEI, pas simplement réaliser des ajustements. Le DEI est un canular qui a fait beaucoup de mal à notre pays. Le DEI c'est terminé !!! ». C’est en ces termes que le Président américain Donald Trump s’en est pris à la marque à la pomme via son réseau social Truth. Il ne comprend pas pourquoi Apple s’entête à ne pas supprimer le DEI de sa politique interne. Bien que le magnat de la tech ait annoncé un investissement massif à travers tous les Etats-Unis à hauteur de 500 milliards de dollars, la direction et les actionnaires ont fait savoir qu’elle ne suivrait pas les recommandations expresses de l’administration Trump sur le programme « Diversité, équité et inclusion ». La demande présidentielle a tout simplement été refusée.

Ce qui ne fait pas décolérer le premier intéressé. Alors que les géants américains font la courbette comme Méta, Accenture, Amazon, Starbucks ou encore Google, Apple fait de la résistance et le fait savoir haut et fort. BFM TV rappelle qu’à la tête de l’entreprise, Tim Cook, ouvertement gay, a toujours défendu des valeurs d'inclusivité au sein d’Apple. Et d’avoir déclaré vouloir « pousser des gens à réclamer la parité des droits » lors de son coming out en 2014. Nous ne pouvons que saluer cette décision qui a le cran de repousser les idées rétrogrades de l’homme de la Maison Blanche.

 

Un glissement totalitariste

Certains concepts ne font pas bon ménage avec la vision du monde trumpiste qui révise de fond en comble l’histoire. Cette approche a été justifiée par des fonctionnaires comme une manière de renforcer la cohésion et d'éviter les controverses. Cependant, de nombreux experts en communication et en droits de l'homme ont dénoncé cette stratégie qui prend une ampleur sans précédent comme une forme de manipulation de l'information, qui ont des conséquences néfastes sur la société.

En les effaçant, il va à l’encontre du 1er amendement de la Constitution des Etats-Unis si cher à l’ensemble des Américains qui précise que « le Congrès n'adoptera aucune loi relative à l'établissement d'une religion, ou à l'interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d'expression, ou celle de la presse ; ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d'adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparations des torts subis. » En censurant certains mots, l'administration Trump restreint le débat public sur des questions fondamentales et influence la manière dont les citoyens perçoivent des enjeux cruciaux. L’acharnement est tel qu’il en est même risible car les photographies du fameux avion qui a bombardé Hiroshima, serait lui aussi sous le coup d’une suppression totale. Simplement par ce qu'il se nomme Enola Gay et que le terme gay est interdit. La situation est édifiante. On peut s’inquiéter de l’avenir des USA portés par les délires d’un homophobe juste inculte.

 

L’actrice trans Hunter Schafer fait les frais des mesures anti-trans de Trump

Célèbre pour son rôle dans la série Euphoria, l’actrice Hunter Schafer, qui a du faire renouveler son passeport suite à un vol, s’est indignée via une vidéo sur TikTok d’être genrée comme homme sur son nouveau passeport. « C’est la première fois que cela m’arrive depuis que j’ai changé de genre, il y a maintenant une dizaine d’années, et je pense que c’est le résultat direct de la politique actuelle de notre pays » a-t-elle ajouté. Cette mesure fait partie de la volonté de Trump de mettre fin à ce qu’il nomme le « délire transgenre » (sic). Trump s’en est aussi pris aux non-binaires, dès les premiers jours de son investiture, en interdisant les pièces d’identité avec la notion X pour le genre.

 

 

 

 

Les trans supprimé.e.s du monument hommage à Stonewall

Le Stonewall National Monument (SNM) a été érigé en hommage aux émeutes de Stonewall en 1969, parties du bar du même nom fréquenté par les gays, les travestis et les transgenres, et considérées comme le point de départ symbolique de la libération LGBTQ+. Depuis l’arrivée de Trump au pouvoir, le site du SNM a été expurgé de ses références aux transgenres, et de figures militantes historiques, comme Marsha P.Johnson ou Syvia Rivera, en faveur d’un texte qui ne prend en compte que les gays, les lesbiennes et les bisexuels. « On ne peut pas réécrire l’histoire en supprimant quelques mots sur un site web », a déclaré Stacy Lentz, co-propriétaire du Stonewall Inn. « Nous continuerons à nous battre pour que le rôle des personnes trans, en particulier des femmes trans racisées, soit pleinement reconnu ».

 

Les Pride américaines en première ligne face à Trump

La World Pride, qui se tiendra à Washington D.C. les 6 et 7 juin, ainsi que celle de San Francisco, annoncent des marches résolument politiques en réponse aux nombreuses attaques de Trump contre la communauté LGBTQ+, et en particulier contre les personnes transgenres. « Plus que jamais, nous mesurons l’ampleur du combat à mener. Mais la joie est une forme de résistance. Se rassembler, s’entraider et affirmer notre fierté est plus essentiel que jamais. » C’est le message fort posté sur les réseaux sociaux par le comité organisateur de la World Pride. De son côté la pride de San Francisco, dont le mot d’ordre est “Queer Joy is Resistance”, a déclaré par l’intermédiaire de sa directrice, Suzanne Ford : "nous voulons envoyer un message au reste du pays : ici, à San Francisco, notre communauté est célébrée, et nous ne resterons pas les bras croisés face à ce que nous subissons. Ensuite, nous voulons offrir un espace sûr où chacun peut se retrouver, être en communauté et célébrer la joie. Nous ne les laisserons pas nous priver de notre joie ».

 

 

 

 

 

 

Les demandes d’immigration des LGBTQ+ américains vers le Canada en forte hausse

La communauté LGBTQ+ américaine est en panique depuis les premières mesures anti-queer mises en place sous Trump. Se sentant persécutées et en insécurité, de nombreuses personnes cherchent à quitter les États-Unis.

Le Canada a ainsi enregistré une hausse significative des demandes d’immigration émanant de citoyens américains menacés en raison de leur orientation sexuelle et/ou de leur identité de genre. Le Ferreira-Wells Immigration Services Inc. reçoit des centaines de demandes d’information sur la procédure à suivre pour demander l’asile au Canada en tant que personne LGBTQ+. La majorité de ces demandes proviennent, sans surprise, de personnes transgenres.

 

Trump encourage la censure de milliers de livres

Selon l’ONG PEN America, qui œuvre pour la liberté d’expression, plus de 4 000 livres ont été bannis des écoles américaines sous l’ère Trump, aussi bien au niveau fédéral que local. L’analyse de l’ONG révèle que parmi ces ouvrages censurés, 57% abordent des sujets liés au sexe ou à la sexualité, 44% mettent en scène des personnages racisés, et 39% incluent des personnages LGBTQ+.

Bien que la censure de livres ne soit pas un phénomène nouveau aux États-Unis, l’explosion des demandes d’interdiction et l’encouragement tacite de l’administration Trump ont amplifié cette tendance inquiétante.

 

Apple et Google effacent la Journée des femmes de leurs calendriers

Dans une tentative apparente de complaire à Trump, deux géants de la Silicon Valley ont discrètement supprimé la Journée internationale des droits des femmes de leurs calendriers. Apple a pris cette décision sans communiqué ni annonce officielle, rapidement suivi par Google, qui a poussé la censure encore plus loin. Le moteur de recherche a également effacé de son calendrier le Mois de l’histoire des Noirs, celui de l’histoire des femmes, la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, ainsi que les mois du patrimoine hispanique, des fiertés et du patrimoine juif américain.

 

Les personnes transgenres bientôt condamnées à la prison au Texas ?

Une proposition de loi, la HB 3817, a été déposée au Texas pour criminaliser ce que les trumpistes appellent “la fraude à l’identité de genre”. Si elle est adoptée, les personnes transgenres pourraient être condamnées à deux ans de prison et 10 000 dollars d’amende. Pire encore, elles seraient incarcérées dans des établissements correspondant à leur sexe assigné à la naissance, ce qui équivaudrait, compte tenu des violences endémiques dans les prisons américaines, à une mise en danger de mort.

 

Trump publie une image controversée avec un symbole nazi anti-LGBTQ+

Donald Trump a déclenché une nouvelle polémique en partageant sur Truth Social un article accompagné d’une image troublante : un triangle rose barré d’un panneau rouge de prohibition. Ce symbole, utilisé par les nazis pour identifier et persécuter les homosexuels dans les camps de concentration, est largement reconnu comme un marqueur de discrimination anti-LGBTQ+. L’image illustrait un article du Washington Times intitulé « Les publicités de recrutement de l’armée ont un aspect bien différent sous Trump », laissant entendre une rupture avec les politiques d’inclusion mises en place auparavant. Une publication qui soulève de vives inquiétudes quant aux messages véhiculés par l’ex-président et son entourage.

 

Trump interdit aux athlètes transgenres d’accéder aux compétitions féminines

Début février, Trump a signé un « executive order » interdisant aux athlètes transgenres de participer aux compétitions sportives féminines aux États-Unis. Intitulé « Keeping Men Out of Women’s Sports » (« Garder les hommes hors des sports féminins »), ce décret s’appuie sur le Title IX, une loi fédérale adoptée en 1972 pour interdire les discriminations basées sur le genre dans le sport scolaire. En détournant cette loi, Trump impose désormais le sexe assigné à la naissance comme seule référence, excluant ainsi les femmes transgenres des compétitions féminines. L’ONG Amnesty International a critiqué la décision d’interdire aux personnes transgenres de rejoindre les équipes féminines, la qualifiant de « nouvelle attaque cruelle contre la communauté trans ».

 

Elon Musk : une fortune en chute libre depuis son rapprochement avec Trump

Depuis sa nomination au sein du conseil économique de Donald Trump, Elon Musk a vu sa fortune fondre de plusieurs milliards de dollars. Entre le boycott de Tesla par des clients progressistes, l’effondrement des actions en Bourse et les controverses liées à son alignement avec l’administration républicaine, le milliardaire paie cher son engagement politique. Alors qu’il se présentait autrefois comme un innovateur visionnaire, son soutien tacite aux politiques de Trump lui vaut aujourd’hui des critiques virulentes et une défiance grandissante des investisseurs. Une chute qui illustre le prix d’un virage politique mal calculé. 

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