Articles / dossiers

Agressions - édition Strobo #40 mars 2025

Julien Claudé-Pénégry

Paris [06/03/25]

« Va à l’asile »

Lors de la Fashion Week parisienne de mars, Bilal Hassani, icône queer et chanteur pop, a une nouvelle fois suscité la controverse. On le voit avec un look audacieux alliant perruques et tenues flamboyantes capturées par les caméras de Quotidien. Lui qui incarne la liberté artistique, attire aussi des critiques virulentes de la part de détracteurs homophobes et réactionnaires. Sur les réseaux sociaux, les commentaires acerbes fusent, allant de l'insulte à des menaces, témoignant d'une intolérance persistante face à son expression de genre comme le précise le site Terrafemina.com. Bilal, cependant, reste imperturbable. Dans une interview, il évoque sa démarche de déconstruction de genre, se définissant comme genderfluid et rejetant les stéréotypes. Pour lui, la mode est un moyen de libération et d’affirmation de soi, un espace où il refuse de se conformer aux attentes traditionnelles. Loin de se laisser abattre par les critiques, il continue de choquer et d’interroger les normes, que ce soit à travers son art ou sa présence médiatique. Nous ne pouvons que l’encourager à garder la tête haute face !

Lille [31/01/25]

Frappés parce qu’homosexuels présumés

Le 31 janvier dernier, le tribunal pour enfants de Lille a condamné une adolescente à 11 ans de prison pour des actes de violence gravissimes. En août 2020, alors âgée de moins de 16 ans, elle avait participé à une agression collective à Lille et Marcq-en-Barœul, où trois hommes, âgés de 43, 47 et 57 ans, ont été attaqués.Deux d'entre eux ont été poignardés, comme l'indique La Voix du Nord. L’enquête a révélé que l’adolescente et ses complices, au nombre de sept, avaient ciblé les victimes en raison de leur orientation sexuelle présumée. Reconnaissant des faits de violence et de vol avec arme, la jeune femme a été jugée pour trois tentatives de meurtre, dont deux à caractère homophobe. Les déclarations des suspects en garde à vue ont révélé un mobile homophobe, aggravant la gravité des actes. La cour d’assises a prononcé des peines allant de 5 à 18 ans d'emprisonnement pour les autres accusés, tandis qu'elle a été renvoyée devant un tribunal pour enfants.

Nice [07/02/25]

« Ils visent systématiquement des personnes gays »

Un nouvel acte de violence homophobe a secoué Nice, où Heddy, un jeune homme de 26 ans, a été victime d’un guet-apens d’une extrême brutalité (voir son témoignage p. 46). Le 7 février, cet homme a été attiré par deux agresseurs via l’application Grindr, pensant y faire une rencontre amoureuse.

Au lieu de cela, il a été insulté, frappé et étranglé avant d’être laissé inconscient, ses agresseurs s’emparant de son téléphone. Erwann Le Hô, coordinateur du centre LGBTQIA+ de Nice, a dénoncé la violence de l’agression, soulignant les blessures physiques importantes subies par Heddy. Une plainte a été déposée pour déclencher une enquête et analyser les images de vidéosurveillance. Les associations LGBTQIA+ locales, dont SOS Homophobie, se sont engagées à se porter partie civile si les auteurs sont identifiés. Ce type d’agression, malheureusement courant, a déjà frappé Nice par le passé, avec une recrudescence d'attaques similaires entre février et mars 2024. À l’échelle nationale, près d’une agression homophobe serait enregistrée chaque semaine. Les associations appellent à une réponse efficace des pouvoirs publics et des plateformes de rencontre, demandant notamment des mesures de sécurité pour protéger les utilisateurs.

Bruxelles [10/02/25]

Violence dans un bus

Le 10 février, un après-midi apparemment ordinaire a viré au cauchemar pour Lucas et Eva, deux amis victimes d'une agression homophobe à bord d'un bus de la STIB. Interpellés par deux individus sur leur orientation sexuelle, ils ont répondu sans hésiter « oui, est-ce un problème ? », déclenchant immédiatement une réaction violente. « L’un d’eux a frappé mon ami au visage et m’a lancé une cigarette électronique », raconte Lucas, visiblement choqué. La situation a rapidement dégénéré, les deux agresseurs s’en prenant tour à tour à Lucas et Eva, les menaçant et les frappant. La scène, capturée par des passagers, témoigne de l’intensité de l’agression et de la solidarité de certains témoins qui sont intervenus pour les défendre. Alertée, la police a pris en charge les victimes et a organisé leur dépôt de plainte avec un policier spécialisé dans les délits de haine. Lucas, dans un élan de courage, a lancé un appel à la solidarité : « Bruxelles doit être une ville sûre pour les personnes LGBT et pour tout le monde ! ». Une enquête est en cours, menée par le parquet de Bruxelles, pour identifier et appréhender les auteurs de cette agression inacceptable.

Bordeaux [11/02/25]

« On encule les LGBT »

La Cour d’appel de Bordeaux a maintenu, ce mardi 11 février 2025, la condamnation d’E. O., militant d’extrême droite, pour injures homophobes lors de la Pride de Bordeaux en 2022. Déjà reconnu coupable en mai 2024 par le tribunal correctionnel, il a écopé d’une amende de 1 000€ et doit indemniser les associations Mousse et STOP homophobie. Lors de la Marche des fiertés en juin 2022, E. O. et d’autres membres de l’extrême droite, affiliés à Génération Z, avaient perturbé le cortège avec une banderole provocatrice et des slogans homophobes. Ces actions avaient entraîné des tensions et des violences, blessant plusieurs manifestants. Malgré ses dénégations, affirmant vouloir simplement contester ce qu'il considère comme une influence excessive du « lobby LGBT », la cour a confirmé le jugement initial, soulignant le caractère homophobe des propos et le trouble à l'ordre public causé.

Etats-Unis [13/02/25]

« Les faits et les circonstances de ce crime sont au-delà de la perversité »

La police de l'État de New York a annoncé l'arrestation de cinq individus, soupçonnés d'avoir torturé à mort Sam Nordquist, un jeune homme transgenre de 24 ans. Disparu depuis fin janvier, ses restes ont été découverts le 13 février dans un champ près de Canandaigua. L’enquête, lancée à la demande de sa famille, a révélé un schéma de maltraitance alarmant. « Sam a subi des violences physiques et psychologiques prolongées », a déclaré la capitaine Kelly Swift. Originaire du Minnesota, Sam s'était rendu à New York pour rencontrer une « petite amie en ligne ». Les preuves accumulées indiquent qu'il a été victime d'abus continus, avant que son corps ne soit transporté pour dissimuler le crime. Le procureur du district, James Ritts, a qualifié l'affaire de « terrible », précisant qu'elle illustre la culture de haine croissante envers les personnes LGBTQI+.

Corse [24/02/25]

Coups prémédités

Le tribunal pour enfants de Bastia a examiné lundi 24 février le cas d'un étudiant impliqué dans des agressions homophobes survenues en septembre 2023 en Corse. Avec deux complices, l'étudiant aurait attiré des hommes via un site de rencontres avant de les attaquer. Comme l’explique StopHomophobie, deux victimes ont été identifiées, mais d'autres pourraient avoir subi le même sort, suscitant des craintes quant à la sécurité de la communauté LGBTQ+ sur l'île. Âgés de 16 ans lors des faits, les trois accusés avaient été condamnés en première instance. Deux d'entre eux ont renoncé à faire appel, reconnaissant ainsi leur culpabilité. Le troisième, cependant, conteste les accusations, affirmant avoir été entraîné dans la violence par ses camarades, sans intention homophobe. Les victimes, dont l'une a quitté l'île après cette agression, réclament une sanction exemplaire et dénoncent l'omerta qui entoure les violences LGBTphobes en Corse. Cette affaire, suivie par la Ligue des droits de l'homme, souligne des pratiques inquiétantes envers la communauté homosexuelle. Le jugement est attendu pour le 24 mars.

Roullet Saint-Estèphe [04/03/25]

Condamnation pour enlèvement et extorsion d’un homosexuel

En mars 2023, un jeune homosexuel a été victime d'un enlèvement et d'une agression à Roullet Saint-Estèphe, une commune située en Charente. Le protagoniste principal, alors mineur, n’a pas supporté les avances par messages d’un jeune homme et a décidé de l’attirer dans un guet-apens. Lors du rendez-vous, il a roué de coups sa victime, accompagné de deux complices majeurs. Après l'avoir séquestré dans le coffre d’un véhicule, ils l'ont emmené dans un champ où ils l'ont de nouveau frappé. Les agresseurs ont extorqué 300€ et un téléphone avant de laisser la victime seule, abandonnée explique la Charente Libre. L’enquête a été ouverte après que la victime a déposé plainte. Les gendarmes ont procédé aux interpella-tions en octobre 2023. Le mineur a été jugé récemment et a écopé de 18 mois de prison, dont douze avec sursis, pour extorsion, tandis qu'il a été relaxé pour le vol avec violence. Cette peine pourrait inclure un aménagement sous bracelet électronique. Les deux complices majeurs seront jugés prochainement.

Paris [05/03/25]

Jugement sur le cyberharcèlement envers Thomas Jolly

Lors du procès qui s'est tenu au tribunal correctionnel de Paris, le ministère public a requis des peines de prison avec sursis allant de 3 à 8 mois contre sept prévenus accusés de cyberharcèlement à l'encontre de Thomas Jolly, chef d'orchestre de la cérémonie d'ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024. Âgés de 22 à 79 ans, ils ont tous été jugés pour « menaces de mort réitérées » et « injures aggravées » en raison de l'orientation sexuelle ou de croyances religieuses. France Bleu relate que dès l'ouverture, la présidente a cité des messages d'une violence inouïe. Ainsi, certains prévenus ont exprimé leur « profond écœurement » face à une œuvre qui a suscité des controverses. Le tableau « Festivité », présenté lors de la cérémonie, avait été accusé de parodier la Cène de Léonard de Vinci. Des figures politiques, comme Donald Trump, l'avaient qualifié de « honte », tandis que le président turc Erdogan avait demandé au pape François de condamner cette « propagande perverse ». Thomas Jolly, bien qu’absent lors du procès, a fait savoir par son avocate qu'il n'avait jamais voulu choquer. « Comment peut-on croire que, dans mon esprit, il y ait pu y avoir une volonté de moquer la religion catholique ? » s'est-il interrogé.

Saint-Nazaire [07/03/25]

Agressions répétées

Nos confrères de France Bleu rapportent que la police de Saint-Nazaire a récemment alerté sur deux agressions homophobes survenues en l'espace de quelques jours, ciblant des jeunes hommes ayant utilisé l'application de rencontres Grindr. Les victimes, âgées d'une vingtaine d'années, ont été attaquées dans des lieux isolés, où elles ont été rouées de coups, menacées avec un couteau et dépouillées de leurs biens. Un policier impliqué dans l'enquête évoque des méthodes de guet-apens, avec des rendez-vous fixés à des heures tardives et sans vidéosurveillance. Les victimes, profondément choquées, ont déposé des plaintes, tandis que la police invite d'autres victimes à se manifester. Un policier-référent spécialisé dans les agressions homophobes accompagne les victimes, en collaboration avec un pôle médico-social. La police recommande des précautions pour les utilisateurs de sites de rencontres, telles que des vidéoconférences avant les rencontres physiques et privilégier des lieux publics pour les rendez-vous. 

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