Alors que dans une comédie française, Elle (Blanche-Neige) voit des nains partout, la sphère médiatique d’extrême-droite du groupe Bolloré voit elle des wokes partout. Au point d’en faire une obsession maladive et compulsive sur CNews, sur Europe1, le JDD, etc. On en aurait presque pitié tellement les acteurs de cette cabale semblent mal vivre l’existence de « ces gens-là » : nous, les wokes. Un peu comme ces homophobes qui souffrent de ne pas vivre et d’assumer leur part d’homosexualité. Ils expriment une souffrance qui finit par être insupportable pour les téléspectateurs, auditeurs et lecteurs (les trois puisque Bolloré a racheté nombre de médias et que le législateur n’a pris aucune mesure pour limiter le nombre d’acquisitions dans ce secteur sensible, ces situations de quasi-monopoles pouvant engendrer des risques pour notre démocratie).
La machine à diviser est à l’œuvre dans de nombreuses démocraties européennes depuis l’arrivée de Trump à la présidence des USA avec les nombreuses mesures anti-trans, anti-lgbtq, anti-diversités qu’il a déjà prises. Sur le plan sociétal, Trump s’aligne désormais sur les positions homophobes du dictateur Poutine.
En France, un animateur populiste se range volontiers derrière son ami et capitaine le sieur Bolloré. Il n’est pas le seul mais il sait faire parler de lui, il a de l’audience et sait se victimiser : Cyril Hanouna. Fin février, Le Parisien reprenait ses propos : « tout ce qui est anti-woke, je le défendrai. Donald Trump est le symbole de l’anti-wokisme... donc je défendrai Donald Trump ». Il faudra lui rappeler que le courant de pensée woke est né à la suite des mouvements Black Live Matter et Me Too. Le premier visait à dénoncer le meurtre par étouffement sur la voie publique d’un homme noir, George Floyd, par un policier blanc américain ; le deuxième dénonce les viols et violences sexuelles subies par les femmes. A cela s’est assez vite ajouté les combats des minorités LGBTQ+, de nouvelles expressions de genre (qui ont mis toute la droite et l’extrême-droite en PLS), et l’écologie. En clair, des éléments pour une société plus égalitaire demain.
De l’audace et de l’opportunisme, Hanouna en a comme tant d’autres. Jusqu’à remettre en cause la légitimité de ces luttes contre les meurtres racistes, les viols et les agressions sexuelles sur les femmes. Comment peut-il apporter son soutien à un homme qui prétend « attraper les femmes par la ch*tte » sauf par calcul politique et adhésion désormais claires à des valeurs non démocratiques ?
Hanouna et les autres souhaitent-ils et elles vivre dans un pays où les minorités sexuelles et de genre seraient hors-la-loi comme en Russie ? Il prétend pourtant ne pas être homophobe. On a le droit de ne pas le croire, tout comme Marine Le Pen qui vient de prendre la pause tout sourire avec Victor Orban, le président d’un pays européen : la Hongrie, qui vient d’interdire les Pride dans son pays.
Le paradoxe dans cet « anti-wokisme », c’est qu’il est justement possible grâce à des philosophes et des écrivains « wokistes » à leur époque qui se sont battus pour la différence et la liberté, à commencer par celle de pouvoir s’exprimer librement. Ils n’auront jamais l’honnêteté de le reconnaître.
Les attaques que nous subissons actuellement mettent aussi en exergue le fait que notre communauté ne fait pas assez de pédagogie. Il est temps de reprendre la main. Être woke, c’est se battre contre le racisme, pour le féminisme, contre les lgbtphobies, pour le climat, pour le vivre-ensemble et le respect de chacun. Être woke, c’est être progressiste. Nous devons tou.te.s être Woke et être fièr.e.s de l’être.
Peut-être faudrait-il aussi que nous restions compréhensibles… LGBTQQIAAP+, FLINTA, AMAF, AFAB, etc. Avec nos acronymes visant à faire reconnaître nos identités, nos contradicteurs voient, à tort, une volonté de scission républicaine. Tous nos luttes sont légitimes mais sans bonne pédagogie (et avec un peu trop de radicalité parfois), nous ne sommes pas compris.e.s. Pire, au lieu d’être accepté.e.s, nous sommes rejeté.e.s, marginalisé.e.s. Sans parler de l’isolement et des exclusions que nous opérons nous-mêmes dans notre propre communauté… Faire mieux individuellement et collectivement est la meilleure réponse.