Articles / dossiers

Agressions - édition Strobo #39 février 2025

Julien Claudé-Pénégry

CAEN [10/01/25]

« J’aime pas les pédés »

Alors qu'il se rendait avec une amie à Hérouville par le tramway, un groupe d'une quinzaine d'individus a commencé à insulter Selim, un jeune homme de 19 ans le traitant de « pédé ». En quelques instants, les insultes ont laissé place à des coups. « J'ai été propulsé au sol, et ils m'ont frappé. Personne n'est intervenu », raconte-t-il à nos confrères de France 3.

Après avoir réussi à s'échapper, Selim a trouvé refuge dans un fast-food, où il a attendu l'arrivée des forces de l'ordre, alertées par son amie. Aujourd'hui, il souffre de blessures physiques, mais les cicatrices psychologiques semblent bien plus profondes. « J'ai peur quand je sors, je ne mange plus », confie-t-il. 

Suite à cette agression, Selim a déposé plainte au commissariat de Caen et a partagé son témoignage sur les réseaux sociaux, appelant à la lutte contre l'homophobie. Son cri de désespoir a touché de nombreuses personnes, y compris Aurore Bergé, ministre de l’Égalité, qui a salué son courage. Une enquête est en cours pour identifier les agresseurs. Selim espère que son histoire encouragera d'autres victimes à se manifester et à dénoncer ces actes inacceptables.

 

 

PAU [28/01/2025]

Un pin’s LGBT

En plein centre-ville, un homme de 21 ans a reconnu avoir attaqué une personne trans arborant un pin's LGBT, symbole de soutien à la communauté. Selon le parquet, l'agresseur, identifié comme un skinhead d'extrême droite, a d'abord interpellé sa victime en lui demandant la signification de son insigne. Convaincu qu'il s'agissait d'un emblème antifasciste, il aurait alors perdu son calme. « J'ai donné des coups de genou à cette personne parce qu'elle était de gauche », a-t-il déclaré lors de son audition.

Son acte de violence a conduit à une légère blessure pour la victime, qui n'a pas nécessité d'arrêt de travail.

L'homme a été interpellé peu après les faits et a plaidé coupable dans le cadre d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC).

Le tribunal a prononcé une peine de six mois de prison avec sursis et une obligation de soins.

 

LAIROUX [19/01/2025]

« Pas de pédé en Vendée ! »

Dans cette petite commune de Vendée, un couple homosexuel subit un harcèlement homophobe incessant depuis plusieurs mois. Ce calvaire a débuté en octobre 2024, avec un tag injurieux sur le mur de leur maison : « PD dégage d’ici ».

Depuis, leur quotidien est devenu un véritable cauchemar. Les menaces anonymes, les dégradations de leur domi-cile et de leur véhicule les plongent dans une angoisse constante. « On n'arrive pas à avoir des nuits apaisées », confient-ils, épuisés par la peur d'une nouvelle attaque à BFMTV. Malgré quatre plaintes déposées auprès de la gendarmerie, aucune avancée n’a été constatée. Les victimes s’interrogent : « pourquoi maintenant ? Pourquoi ce phénomène alors que nous vivons ici en paix depuis six ans ? »

Leur situation a attiré l’attention du maire, qui a condamné les actes de violence, mais les mesures concrètes tardent à venir.  Portés par la détermination de ne pas céder à la haine, le couple refuse de déménager : « c’est à eux de partir, pas à nous ».

 

HARFLEUR [30/01/2025]

Guet-apens

Aux alentours de minuit dans la nuit du 30 au 31 janvier, un adolescent de 14 ans a été victime d'une agression homophobe à Harfleur, près du Havre. Selon les informations du Figaro, la procureure de la République, Soizic Guillaume, a confirmé le caractère homophobe des faits, qualifiés de « vols avec violences aggravées, de tentative de viol aggravé et de diffusion d'images de violences ». La victime, qui avait donné rendez-vous à des mineurs rencontrés sur Snapchat, s'est retrouvée piégée par quatre agresseurs. Ces derniers lui ont porté des coups au visage et au corps, tout en découpant ses vêtements et en arrachant des mèches de ses cheveux. L'un d'eux lui a touché les parties intimes et l'a aspergé de gaz lacrymogène.

Pire encore, l'agression a été filmée et diffusée sur les réseaux sociaux. La maire d'Harfleur, Christine Morel, s'est dite « scandalisée » par cette violence inouïe, soulignant que c'était un événement sans précédent dans la ville.

Les enquêteurs exploitent actuellement la vidéosurveillance et ont lancé des réquisitions auprès de Snapchat pour identifier les agresseurs, qui sont toujours en fuite. La victime, transportée à l'hôpital, présentait des ecchymoses, mais ses jours n’étaient pas en danger.

 

NAPLES (Italie) [18/01/2025]

« C'était un harcèlement constant »

Un jeune homosexuel de 15 ans a été victime de violences de la part de son père, qui ne supportait pas son orientation sexuelle. Selon des sources locales, l'adolescent a subi des coups violents avec une clé à molette au visage, aux jambes et au cou, ainsi que des menaces de mort envoyées par WhatsApp alors qu'il était à l'école. « C'était un harcèlement constant », a déclaré une source proche du dossier. Heureusement, un enseignant a encouragé le jeune à dénoncer ces abus. Après avoir pris connaissance des menaces écrites, le garçon a demandé de l'aide, ce qui a conduit les carabiniers à intervenir. Le père, un criminel condamné de 48 ans, a été arrêté pour mauvais traitements. L'adolescent est désormais protégé au sein d'une communauté sécurisée.

Luca Trapanese, conseiller pour les politiques sociales de la ville, a décrit cet incident comme un « épisode dramatique de violence familiale ». Il a souligné l'importance d'accueillir les enfants tels qu'ils sont et d'encourager une culture de la diversité. « Le respect et l'amour doivent toujours prévaloir », a-t-il ajouté.

Antonello Sannino, président d'Antinoo Arcigay Napoli, a appelé à une action politique rapide pour protéger les personnes LGBTQIA+ face à un climat de violence grandissant. « Nous devons approuver des mesures de sécurité », a-t-il insisté.

 

Paris [27/01/2025]

Morandini condamné

Jean-Marc Morandini, animateur de CNews, a été reconnu coupable de harcèlement sexuel et de travail dissimulé dans le cadre de castings pour sa web-série Les Faucons. La cour d'appel de Paris a aggravé sa peine à 18 mois de prison avec sursis, après une première condamnation de six mois. En plus, il devra payer une amende de 50 000 € pour travail dissimulé et indemniser la victime, Gabriel, à hauteur de 13 000€. Les faits remontent à 2015, lorsque Morandini a incité des jeunes comédiens à s'exhiber nus pour les auditions. Sous le pseudonyme de Catherine Leclerc, il a envoyé des courriels insistants demandant des vidéos à caractère sexuel, exploitant la vulnérabilité des candidats. La présidente de la 31e chambre correctionnelle a souligné que « les demandes de Jean-Marc Morandini sont allées crescendo », pointant un engrenage psychologique. Cette affaire est la deuxième condamnation de Morandini pour des infractions sexuelles, après une peine d'un an de prison avec sursis pour corruption de mineurs en 2022. Ses avocates ont d'ores et déjà annoncé un pourvoi en cassation, tandis que la chaîne CNews, tout en affirmant son respect pour la présomption d'innocence, a décidé de maintenir l'animateur à l'antenne.

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