Roman gay : ce que je sais de toi
«Ali te fascinait. Il y avait chez lui une liberté absolue, une absence de calcul, une exaltation du présent. Il n'était lié par aucun passé et ne concevait pas l'avenir à travers les mêmes contraintes que toi. Il se contentait de vivre et tu te surprenais parfois à espérer que vivre serait contagieux.» Dans le Caire des années 1980, Tarek est un jeune homme à l'avenir tout tracé. Après avoir repris le cabinet médical de son père, il s'apprête à épouser Mira, son amour de jeunesse. Mais, en ouvrant un dispensaire dans le quartier défavorisé du Moqattam, Tarek fait la connaissance d'Ali. Cette rencontre inattendue ne tarde pas à ébranler ses certitudes... De l'Égypte au Canada, ce roman fait de dévoilements successifs, nous entraîne à la suite d'un homme en quête d'une vérité aussi brûlante que libératrice.
Ce que je sais de toi, d’Eric Chacour, Ed. Folio, 336 pages, 9,90€
Essai queer : la fin des monstres
Un récit sensible et politique sur la transition de genre. « Je ne suis déjà plus celle que j'étais, mais pas encore celui que je veux devenir. » En 2020, Tal Madesta entame une transition de genre. En prenant ce chemin qui implique de redéfinir entièrement son rapport à soi, aux autres, au monde social, il va faire l'expérience désolante de la violence transphobe et du deuil. Mais il va aussi découvrir la joie d'aimer autrement et d'expérimenter avec intensité sa propre liberté. Entre rage et lumière, Tal Madesta livre le récit d'une révolution intime, en même temps qu'un plaidoyer passionné pour l'émancipation des personnes trans.
La fin des monstres, récit d’une trajectoire trans, de Tal Madesta, Ed. Points, coll. Points Feminismes, 160 pages, 8,40€
Roman lesbien : le Rêve d’un langage commun
Le silence, l'absence, les mots, les non-dits et l'amour sont au cœur de la poésie d'Adrienne Rich. Dans ce recueil publié en 1978, exploration intime de sa vie à 45 ans, Rich décide de ne plus « faire de la douleur une carrière ». Trouvant l'amour avec une femme durant les années 1970, elle souhaite pouvoir enfin vivre cet amour au grand jour - mais le poids de la société étatsunienne pèse lourdement sur le quotidien. Souvenirs amoureux, histoire familiale et figures tutélaires se mêlent dans sa poésie délicate et attentive aux changements de lumière. Ses poèmes sont un hommage aux femmes puissantes, à la prise de conscience et à la lutte pour l'existence - de l'intime politique. Des poèmes pour Marie Curie et Elena Sheraeva, alpiniste pionnière, ouvrent le recueil, filiation poétique dans la mort ; un autre évoque Paula Modersohn-Becker - constellations de femmes pour nous guider encore aujourd'hui.
Le Rêve d’un langage commun, de Adrienne Rich, Ed. L’Arche, 176 pages, 19€
Beau livre : la moustache, une histoire en images
La moustache, une caractéristique de la pilosité faciale qui a orné le visage des hommes (et de certaines femmes) tout au long de l'histoire, est plus qu'un simple choix de style. Pour les hommes, elle est un symbole de masculinité, d'identité culturelle et même de mouvements sociaux. Des civilisations anciennes aux temps modernes, la moustache a connu une évolution, se faufilant à travers les tendances culturelles, de mode et sociétales du monde. Je tiens à préciser dès le début de ce texte que de nombreuses femmes ont une pilosité faciale naturelle et que c'est notre domination patriarcale qui continue d'empêcher les femmes d'avoir une pilosité faciale libre ou même un style de pilosité. Il existe très peu d'exemples de moustaches féminines dans l'histoire documentée. J'ai ajouté une photo de la peintre Frida Kahlo et de la princesse de Qajar dans ce livre, deux femmes incroyables dont la moustache faisait en effet partie de leur activisme. Les pages 24 et 136 présentent des exemples de femmes à la pilosité faciale bien entretenue. Les images de ce livre n'incluent certainement pas tous les styles de moustache dans chaque pays ou territoire géographique ; il s'agit simplement d'un petit voyage visuel de la moustache masculine.
La moustache, une histoire en images, de Lukas Birk, Ed. Fraglich, 140 pages, 30€