La période actuelle, violente pour beaucoup d’entre nous, annonce peut-être des moments plus terribles encore. Ce qui végétait à l’état de contestation ou de rejet dans l’esprit de nos opposant.e.s glisse désormais vers une haine totalement décomplexée. L’élection de Trump, le glissement toujours plus à droite de nos sociétés occidentales dites « de marché » (traduction : régime néolibéral au bord de l’effondrement), les dérapages de notre gouvernement sur les vomis d’extrême-droite dans une lâcheté jamais vue sous la Vème République, les réseaux sociaux et leur absence de modération, etc., tout cela favorise un climat qui finit par nous toucher toutes et tous. Une haine subie qui souvent se transforme chez certain.e.s d’entre nous en craintes, en mal-être, en besoin de revanche et d’affranchissement dès le vendredi soir venu, en prises de risques, et parfois en addictions sévères.
Le jour de l’arrivée de Trump à la Maison blanche restera une date qui marquera l’histoire. Les personnes trans, les personnes LGBTQ+, les émigré.e.s, vivent depuis cette date des heures sombres, entre menaces réelles pour les américain.e.s et inquiétudes dans les autres pays. Parce que, pour beaucoup en Europe, ce que fait Trump aux USA est un modèle, une projection de ce qu’ils aimeraient tant faire en Europe. Dans cette perspective, toute l’extrême-droite ou presque s’est réunie à Madrid le week-end du 8 février. Avec bras-dessus bras-dessous, des extrêmes droites dites « de gouvernement », des partis comprenant dans leurs troupes des néo-nazis d’Allemagne et d’ailleurs, des hongrois totalitaires, des franquistes (les nostalgiques du régime totalitaire de Franco en Espagne), des fascistes nostalgiques de Mussolini, etc. Une sorte de gloubi-boulga où les antiavortements et les homophobes se mélangeaient volontiers à ceux qui prétendent ne pas l’être, alors que tout le monde sait qu’ils mentent. Ne vous inquiétez pas, ils et elles se dévoileront bien le moment venu.
En France d’ailleurs, ce qui est à droite sur l’échiquier politique (d’une partie de la macronie à l’extrême de la pire des droites) crie au « woke » dès qu’ils et elles ne sont pas en mesure de comprendre et d’appréhender sereinement un sujet LGBTQ+. Tel.le.s des soldats, ils et elles (je ne leur ferai pas l’honneur d’utiliser un iels !) ne parlent plus que d’une voix. Celle de l’ignorance, du rejet, du mépris et de la haine.
La haine se construit, elle n’est pas innée. Parfois, quand elle se nourrit sur des décennies, elle aboutit au pire de ce que notre Histoire nous enseigne. « La vague » est un film assez démonstratif sur le sujet : il démontre comment on transforme des lycéens innocents en extrémistes totalitaires. Cette mécanique est à l’œuvre actuellement sur les réseaux sociaux. Les un.e.s entrainent les autres et rien ne s’arrêtera sans qu’un jour peut-être, il soit nécessaire d’avoir une identité numérique. L’anonymat est le nouveau visage de la collaboration. En attendant, chez Strobomag, on signale (ça ne sert à rien mais nous sommes naïfs alors on le fait quand même), on supprime les commentaires haineux, on bloque des heaters par dizaines chaque mois. On bloque, on bloque, on bloque ! Par centaines depuis l’élection de Trump. Personne ne sait où ce « machin » qui s’emballe et prend de l’ampleur nous emmènera… Ne serait-il pas temps d’admettre que les réseaux sociaux, par leur format, par leur ADN, sont des outils qui mènent à des logiques totalitaires et sont des dangers pour nos démocraties ?
En attendant, en France, la ministre de la Culture Rachida Dati (ex-Les républicains) vient de céder à la famille de Villiers en accordant au parc Le Puy du fou son éligibilité au Pass Culture. Ce parc propose des spectacles où on n’hésite pas à réécrire l’Histoire et était l’un des plus gros donateurs de la Manif pour tous… tout va bien. La droite perd ses valeurs, l’extrême-droite jubile. En attendant les alliances qui déjà se lisent au travers de ces concessions sur la démocratie. Je vous parlais de dérapage sur les vomis d’extrême-droite, en voilà un parfait exemple. Personnellement, j’espère que Disney obtiendra les mêmes avantages, parce que les princesses, les robes à crinoline et tout le reste, c’est bel et bien dans notre culture à nous, les LGBTQ+ français.e.s… En matière politique, en toute chose, en tout choix, il est décidément souvent question de résistance ou de collaboration. Chacun choisit son camp.