La Suisse ne produit pas que du chocolat et des montres. La pop y a trouvé un.e elfe empreinte de légèreté acidulée. Au sortir de ses années de douce révolte juvénile, Stéphane, effrontée et rebelle, signe sa première chanson, Nouveau départ, suite à une brouille avec sa meilleure amie. C’est la révélation, tout comme elle se révèle dans l’hexagone avec son deuxième album, La Prison des amoureuses malheureuses. Le premier single, Ma Chérie, l’histoire d’un triptyque amoureux entre filles, a accompagné comme un gimmick nos nuits estivales.
Tu as commencé ta carrière en Suisse ?
Même pas. Quand Twin Music m’a proposé de signer, on a tout de suite commencé en France. La France, pour nous les artistes suisses, c’est notre rêve américain ! La Suisse est divisée en 4 communautés linguistiques. C’est un petit pays qui comprend plusieurs cultures et donc ça devient trop compliqué de se développer. Même si on fait une tournée, ça se termine très vite. Ce qui marche en Suisse francophone ne marchera pas en Suisse alémanique ou italienne. Il y a malgré tout une barrière, même si sur Spotify, il y a une bonne écoute dans la communauté allemande. En Suisse romande, on n’écoute pratiquement que ce qui se fait en France. C’est l’impact de la musique pop française qui vient chez nous.
Est ce que ton prénom masculin influence ton timbre de voix, qui va souvent dans les graves ?
Je me le demande toujours ! Mes parents étaient fans de Stéphane Audran et m’ont donné son prénom. J’ai toujours trouvé ça marrant de m’appeler Stéphane et d’avoir un caractère masculin et une voix grave. Tout ça va très bien ensemble, il y a une sorte d’équilibre entre les deux.
Tu as commencé ta carrière sur scène avec Julien Clerc ?
Ma mère est fan de Julien Clerc, depuis toute petite, je l’écoute beaucoup. J’ai voulu reprendre une de ses chansons, j’ai choisi Lili voulait aller danser, parce que le texte est très sombre, très actuel finalement aussi, sur une musique très entraînante. Je l’ai ralentie pour mettre en avant les paroles. C’est une femme triste qui veut être heureuse, mais son mari l’en empêche. J’ai donc fait cette reprise. Didier Barbelivien a appelé Julien Clerc en lui disant « tu as entendu ce que cette petite a fait ? ». Il a adoré et m’a pris en première partie à l’Olympia en 2022.
Précédemment, tu avais fait des castings d’émissions de télé crochet ?
J’ai essayé les castings de the Voice et la Nouvelle star il y a 6 ans. Je crois que les castings, ça ne m’allait pas parce que je suis quelqu’un qui stresse beaucoup mais qui réussit à le gérer sur scène. A the Voice en 2018, on m’avait dit : « c’est super mais t’es pas prête, reviens dans 3 ans ». 3 ans plus tard, j’ai signé mon premier contrat et sorti mon premier album. Quand tu sors d’un télé crochet, il y a une étiquette plus forte, en terme de légitimité de faire ce métier. Il faut surfer sur la vague, aller très (trop) vite. La vie a décidé pour moi que ce n’était pas mon chemin. Je travaille avec la même équipe depuis le début, on évolue petit à petit, c’est très sain, hyper confortable. Le succès fulgurant peut mettre une pression et te faire sentir comme un imposteur. Etre sain signifie prendre le temps, acquérir de l’expérience.
Des fées musicales se sont penchées sur ton berceau et tu as fait beaucoup de premières parties de concerts…
Julien Clerc, Pagny, Vianney. J’ai fait aussi une première partie d’Hoshi qui était géniale car on a un public qui se ressemble. Kyo m’a aussi écrit un titre et on a fait une reprise du titre Le Chemin.
Est ce que, comme Hoshi, tu as subi du négatif en tant que LGBT ?
J’ai eu beaucoup de chance grâce à ma famille. J’ai des parents qui m’ont toujours acceptée telle que je suis. Ca m’a permis de rester moi-même. Vu que j’ai toujours trouvé ça normal, je n’ai jamais mis un point de différence et j’ai toujours eu sur mon chemin des gens bienveillants. Je travaille avec beaucoup d’artistes masculins, d’un certain âge, qui m’ont toujours encouragée à être qui j’étais.
Ton deuxième album s’écoute comme une histoire ?
Effectivement, les titres se suivent. C’est une histoire que j’ai vécue, un triangle amoureux. J’étais amoureuse d’une fille qui ne m’aimait pas, l’album explique tout ça : je l’aime, elle ne m’aime pas et je suis avec quelqu’un qui m’aime mais que je n’aime plus. A chaque nouvel épisode, j’écrivais une chanson. Donc tout s’est suivi, du départ où j’étais prisonnière de mes sentiments jusqu’à ce que j’en sorte.
Est ce que tu as le sentiment de représenter le porte-voix d’une communauté ?
J’amène les choses avec simplicité pour que personne ne soit réfractaire. Si un jour j’arrive à mettre une goutte dans l’océan pour apaiser tout le monde, j’en serai fière. J’espère qu’en racontant mes histoires, qui sont lesbiennes, ça touche tout le monde malgré tout.
Quels sont tes rêves artistiques ?
Faire une collab’ avec Miley Cyrus, parce que je suis très admirative de l’évolution de l’artiste.
En tournée à partir de mars 2025 et à la Cigale (Paris) le 26 mars.
https://playtwo.fr/live/concert/stephane/
www.youtube.com/@stephanemusicofficiel