Après une année riche en propositions de cinéma queer, du sublime Sans jamais nous connaître d’Andrew Haigh au détonnant Emilia Perez de Jacques Audiard, parti à l’assaut de la saison des prix internationale, en passant par Trois kilomètres jusqu’à la fin du monde, Les Reines du drame ou encore Viet et Nam, les salles de cinéma offrent une belle diversité de films queers. Tour d’horizon des films vus…
1er janvier 2025
Bird d’Andrea Arnold
Bailey, une jeune fille de 12 ans, vit sa vie un peu comme elle l’entend dans un squat du nord de l’Angleterre aux côtés de son frère et d’un père un peu à la ramasse (l’incroyable Barry Kheogan vu récemment dans Saltburn). Au cours de ses balades dans les prairies environnantes, elle va faire la connaissance d’un être loin d’être ordinaire : Bird, sorte de fairy queer débordant d’empathie et qui semble posséder d’étranges pouvoirs.
Film poétique et social d’une grande beauté, Bird met en scène l’un des acteurs les plus fascinants du moment, Franz Rogowski (Passages, Great Freedom, Disco boy…).
Tout ira bien de Ray Yeung
Après avoir raconté avec une délicatesse confondante l’histoire d’amour entre deux hommes retraités dans Un printemps à Hong-Kong, le cinéaste Ray Yeung raconte dans Tout ira bien, le deuil d’Angie qui perd subitement sa compagne Pat après 30 ans de vie commune. Une nouvelle façon pour le réalisateur-militant d’envisager les avancées de la société hong-kongaise face à l’homosexualité tout en mettent en évidence les blocages qui subsistent dans cette société très traditionnaliste. Un film doux et puissant récompensé du Teddy Award lors de la dernière Berlinale.
Queendom d’Agniia Galdanova
Ce documentaire dresse le portrait d’une créature, Gena, artiste queer qui n’a peur de rien et qui exhibe ses tenues incroyables dans les rues de Moscou. Gena assume ses contradictions et ses désirs face à sa famille et à une société durement homophobe au nom de l’art et de la liberté. Au plus près de son quotidien qui ressemble à un défi permanent, Agniia Galdanova documente le parcours d’une personnalité torturée et dotée d’un courage hors-du-commun.
8 janvier 2025
La Chambre d’à côté de Pedro Almodovar
En s’expatriant à New York pour son premier long métrage en langue anglaise, le maître du cinéma espagnol éblouit une fois de plus.
Almodovar raconte ici une histoire d’amitié entre deux femmes qui se sont perdues de vue et se retrouve alors que l’une des deux n’a plus que quelques jours à vivre. Julianne Moore et Tilda Swinton composent un duo bouleversant et leurs échanges nourrit un véritable état des lieux du monde contemporain.
Chaque plan du film mériterait d’être observé comme un tableau (on pense souvent à ceux d’Edward Hopper) et le grand Pedro ne se dépare jamais d’un humour queer qui fait toujours mouche entre deux larmes.
5 février 2025
La Pampa d’Antoine Chevrollier
Déjà aux manettes d’une des meilleures séries françaises de ces dernières années, Oussekine sur Disney+, Antoine Chevrollier signe, avec ce premier long métrage, un retour aux sources sur les terres angevines de son adolescence.
Avec la Pampa, il raconte une histoire d’amitié entre Willy et Jojo, deux accros aux courses de motocross. Mais quand Willy (Sayyid El Alami, déjà vu dans Oussekine mais aussi, récemment dans Leurs enfants après eux) va découvrir l’homosexualité de son pote Jojo, leur histoire va prendre un tournant tragique… Avec aussi Artus dans un rôle plus que surprenant !
19 février 2025
Young Hearts d’Anthony Schatteman
Le jeune réalisateur flamand Anthony Schatteman s’est lancé un défi, celui de raconter l’histoire d’amour entre deux garçons de 14 ans qu’il aurait aimé voir quand il était plus jeune. Avec Young Hearts et la belle histoire qui réunit Elias et son nouveau voisin Alexander, il vise juste.
Coming of age d’une puissante modernité, le film est d’une grande délicatesse et fait bien mieux que de palier à une image manquante : il est bouleversant et visible par tous les publics !
26 mars 2025
Baby de Marcelo Caetano
Petit chef d’œuvre du cinéma brésilien, découvert à la semaine de la critique à Cannes, sélection décidemment bien queer cette année avec la Pampa et les Reines du drame, Baby emporte tout sur son passage.
Le film de Marcelo Caetano suit le parcours de Wellington, dit Baby, qui sort d’un centre de rétention pour mineurs et se retrouve lâché seul dans les rues de São Paulo.
Quand il rencontre Ronaldo, un homme plus âgé, une relation puissante débute entre prostitution, passion et jalousie. Après le très réussi Corpo Electrico en 2018, Caetano éblouit avec Baby, un drame vif, violent, émouvant et plein d’espoir.
Pas encore de date de sortie :
Queer de Luca Guadagnino
Le nouveau film de Luca Guadagnino, quelques mois à peine après son récent Challengers, a été présenté lors de la dernière Mostra de Venise et devrait sortir sur les écrans dans les mois qui viennent.
Adaptation des écrits de l’auteur beatnik William Burroughs, Queer est un film d’une force absolument incroyable. Daniel Craig (exceptionnel !) y campe un vieil américain gay, alcoolique et toxico, qui vit sa vie d’excès au Mexique et qui va tomber éperdument amoureux d’Eugène (Drew Starkey, vu dans la série Outer Banks ou dans le film Love, Simon), un jeune étudiant lui aussi expatrié.
En racontant, comme c’était déjà le cas dans son chef d’œuvre Call me by your name, une histoire d’amour gay et intergénérationnelle, Guadagnino se réinvente (comme souvent) et offre un grand film très surprenant, à la fois d’une sensualité dingue et complètement barré… Du pur bonheur de cinéma !