Queer tube : Scissor Sisters,  Filthy/Gorgeous

Patrick Thévenin

Ils ont rendu nos années 2000 plus gaies et dansantes. Séparés depuis 2012, les Scissor Sisters fêtent les 20 ans de leur premier album en se reformant pour une tournée légendaaaiiirrre, comme dirait l’autre.

Il y a vingt ans les Scissor Sisters sortaient de nulle part avec une reprise totalement déjantée et dansante du Confortably Numb de Pink Floyd. Avec leur nom tiré d’une position sexuelle réservée aux lesbiennes, les cinq membres du groupe provoquaient des sueurs froides chez les fans de Pink Floyd qui goûtaient moyennement la voix aiguë du leader Jake Shears, certains se laissant aller à des commentaires un poil homophobes.

L’histoire des Scissor Sisters est celle d’un groupe de potes gays (Jake Shears, BabyDaddy, Del Marquis et Paddy Boom qui quittera la bande en 2008), et d’une fille à pédés, Ana Matronic (entre Lady Miss Kier de Deee-Lite et Jessica Rabbit), réunis autour d’une passion commune, leur amour du disco et du glam-rock. Un mélange étrange que le groupe va fusionner en une pop-dance redoutablement efficace et terriblement queer. 

Sur leur premier album éponyme sorti en 2004, gavé de tubes à la limite de l’indécence, Laura évoque Supertramp avec son piano magique, Mary pourrait être une ballade signée Elton John et Filthy/Gorgeous du Pet Shop Boys sous amphétamines. Ouvertement over-gay, porté par le flamboyant Jake Shears, célébré sur les dancefloors du monde entier, le succès ne se fait pas attendre pour les Scissor Sisters qui multiplient les plateaux télé et les concerts s’affirmant comme de véritables bêtes de scène. Avec leurs tenues hautes en couleur, leurs emprunts au cabaret, leur dynamisme jouissif et la propension de Jake Shears à terminer à moitié à poil, le groupe s’impose dans les années 2000 comme la tête d’affiche parfaite pour les plus grands festivals. Emporté par la hype et le succès phénoménal, les Scissors ne changent pas une formule qui gagne et enchaînent les albums. Ta-Dah où Elton John joue du piano sur deux titres prolonge leur univers glam-disco avec le tube hautement addictif I don’t feel like dancing.

L’album Night Work, et sa superbe pochette avec le cul ultra-moulé de Jake Shears en gros plan, produit par Stuart Price (connu pour son travail avec Madonna), se veut un poil plus ambitieux et engagé, mais montre les limites du groupe à se renouveler. Idem pour leur dernier album, Magic Hour sorti en 2012 alors même que les Scissor Sisters affirment dans un communiqué de presse se mettre en pause.

Si depuis, Jake Shears s’est lancé dans une carrière solo, a collaboré avec Andy Bell d’Erasure, le DJ et producteur électro Tiga ou Kylie Minogue, tout en s’imposant comme un militant de poids pour les droits LGBTQ+, il n’a malheureusement pas réussi avec ses deux albums solo à retrouver le succès, et la magie pailletée, des Scissors Sisters. Bonne nouvelle, à l’occasion de l’anniversaire des vingt ans de leur fantastique premier album, le groupe vient récemment d’annoncer leur reformation sur Instagram (mais malheureusement sans la divine Ana Matronic), ainsi qu’une tournée live (réservée pour l’instant à l’Angleterre et l’Irlande), où les Scissors interpréteront leur premier album dans son entièreté, assorti d’un best of de leurs plus grands tubes. Une idée qui a germé dans la tête de leur leader Jake Shears, lors d’une projection de leur mémorable concert Live à l’O2 sur Youtube. « C’est le 20e anniversaire de notre premier album, donc c’est vraiment le bon moment pour revisiter toute l’excitation intense de ce moment, a-t-il déclaré. Je n’avais pas revu ce concert depuis son tournage en 2007, et nous avons tous été surpris de voir à quel point il était génial, comme de discuter avec les fans après la projection nous a vraiment rappelé à quel point ce fut un moment spécial pour nous tous. » Bref, vivement l’année prochaine !

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