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Edito Strobo #36 novembre/décembre 2024 : Ça déraperait pas un peu trop là ?!

Franck Desbordes

Sale temps sur la planète ! Il y a quelques jours, le très extrême Donald Trump remportait les élections pour devenir le prochain président des USA, et certainement l’un des pires. Jamais un président américain n’avait promis de museler la presse (quand elle est dans l’opposition), de mettre fin à la démocratie, de revenir sur la loi sur l’avortement, jamais un président américain n’avait attaqué aussi fort les personnes trans et au-delà, toutes les personnes LGBTQ+. Nombre d’hétéros se disent « fatigués » d’être soumis à des débats ou des questions LGBTQQIAAP+ qu’ils ne comprennent pas et qui ne les concernent pas (disent-ils). Pour autant, ces sujets sont des marqueurs de l’état de nos démocraties. 

En Europe, nous pourrions aussi parler de la Géorgie où depuis quelques semaines, les Prides sont interdites, les associations LGBTQ n’ont de fait plus le droit d’exister puisqu’elles n’ont plus le droit d’agir, ceci étant interdit par le nouvelle loi anti-LGBT qui interdit aussi la diffusion d’images homosexuelles à la télé, au cinéma, etc. Tout cela sous l’œil bienveillant de Moscou, de la Hongrie et d’autres pays gérés par les extrêmes-droites européennes et baltes.

Hélas, ce qui s’est produit outre-Atlantique ou en Hongrie peut se reproduire ici en France prochainement. Nous en avons déjà pris le chemin. Le RN-FN est en phase avec les lois anti-LGBT partout dans le monde. Pour autant, comme je le disais dans l’un de mes derniers éditos, tous les électeurs du FN-RN ne sont pas des racistes, antisémites ou homophobes-lgbtphobes, beaucoup d’entre eux sont juste dans une souffrance absolue qui génère de la colère et l’envie de rompre avec un système qui ne les entend pas. C’est un mouvement que nous constatons y compris dans notre communauté LGBTQ+. Et rien ne changera à court terme en France puisque c’est la meilleure façon pour le FN-RN d’arriver aux affaires. Et vu que le parti d’extrême-droite a le pouvoir de vie ou de mort sur le gouvernement actuel, il n’a aucun intérêt à ce que ce dernier réussisse (ce qui est de toutes façons impossible au regard des parcours et orientations politiques de la plupart des ministres qui le composent).

Le clou du spectacle, c’est Bruno Retailleau bien sûr, le nouveau ministre de l’Intérieur qui a été l’un des fervents défenseurs des idées de la Manif pour tous (déclarée homophobe par la justice) et qui est désormais censé garantir la sécurité de l’ensemble des français.e.s, y compris des personnes LGBTQ+. Sa fonction l’oblige (entre autres) à veiller à la lutte contre les discriminations liées à l'orientation sexuelle ou au genre. La bonne blague ! 
La limite de l’exercice se constate d’ailleurs avec la plus grande évidence quand les stades de foot se font le spectacle d’une homophobie très fortement installée chez nombre de supporters. Les dirigeants des clubs sont convoqués au ministère de l’Intérieur, on leur fait les gros yeux et puis, et puis, et puis après… rien ou pas grand-chose ! Les annonces de fermeté contre l’homophobie dans le sport n’ont rien donné dans les jours qui ont suivi et tout a continué exactement comme avant. Le Premier ministre nous avait pourtant promis un gouvernement qui allait agir au lieu de parler. Dans ce cas, pourquoi avoir recruté Retailleau ? (à part pour satisfaire la droite radicale et l’extrême-droite bien sûr…)

Sur un autre sujet, un journaliste ami de Zemmour, Eric Naulleau, s’illustrait récemment en ne voyant pas de problème à laisser à la vente une bande dessinée où les personnes noires sont représentées par des singes. Ce dernier allant même jusqu’à créer un écran de fumée en accusant les « wokistes » (un concept créé et promu par l’extrême-droite… encore !) d’avoir porté cette affaire sur la place publique. Cette envolée afin de tenter de minorer le racisme factuel dans cette affaire. Et même le défendre. Le pire c’est que sur les chaînes d’« info » en continu – l’espace de jeu et de gain de fric et d’audience de ces « experts » autodéclarés –, les diarrhées verbales rapportent désormais plus que les faits eux-mêmes. 

Vous les sentez les tentatives de glissement vers des régimes moins démocratiques ? Heureusement, souvent, après l’action, il y a une réaction. Quand c’est encore possible…
Franck Desbordes, directeur de la publication

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