L’utilisation du préservatif est en baisse chez les hommes gays ou bis depuis l’arrivée de la PrEP. Mais ça n’en reste pas moins un moyen prévention sûr qui conserve ses adeptes.
La capote est-elle devenue ringarde ? Son usage a en tout cas diminué chez les hommes gays ou bi. Selon l’enquête Rapport au sexe (ERAS), l’usage systématique du préservatif lors des pénétrations anales est « en chute libre » chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH). La proportion de répondants qui affirment en mettre à chaque rapport est passé de 46% en 2017 à 28% en 2023.
Attention toutefois à ne pas trop dramatiser ces chiffres car cette baisse est concomitante d’une utilisation toujours plus répandue de la PrEP, autorisée depuis 2016 en France. Fin juin 2023, le nombre de personnes de 15 ans et plus ayant initié la PrEP en France depuis 2016 s’élevait à 84 997, un chiffre en augmentation de 31% par rapport à fin juin 2022. Le nombre total de personnes utilisant effectivement la PrEP est également en hausse, atteignant 52 802 au premier semestre 2023, soit plus de 10 000 personnes de plus (+24%) par rapport au premier semestre 2022 (source Epi-Phare.fr). Rappelons que la PrEP n’est pas là pour remplacer le préservatif. Elle est là pour augmenter la protection de toutes les personnes potentiellement exposées au VIH. Elle se combine d’ailleurs très bien avec le préservatif.
Ce dernier reste un moyen de protection très efficace contre le VIH. Bien mis, il est efficace à 100 % contre la transmission du virus. Il protège aussi de la transmission des autres IST. Bien entendu, certaines IST peuvent se transmettre par des attouchements, et les fellations ne sont protégées que si le préservatif est mis. Donc utilisation un préservatif lors d’une pénétration ne protège que contre les transmissions par ce biais, pas pour les autres.
Les gaulois qui résistent à l’envahisseur
Que disent ceux qui mettent toujours des préservatifs en 2024 ? A les écouter, ils ont parfois le sentiment d’être des gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur. Pierre-Alain, 33 ans, fait partie de ceux qui l’utilisent toujours régulièrement. « Je prends la Prep et je demande un préservatif aux mecs avec qui je couche. Ou moi j’en mets quand je suis actif. Comme ça je suis sûr d’être bien protégé du VIH et un maximum des IST. Si jamais le mec devient un régulier exclusif ou si on se met en couple, au bout d’un moment on pourra arrêter le préservatif. » Il reconnaît qu’il rencontre parfois des réticences sur ce sujet, mais sûr de lui, il ne cède pas : « les mecs qui ne veulent pas en mettre, c’est niet. Je passe au prochain sur la liste d’attente ! »
Stéphane, 43 ans, est un utilisateur occasionnel. « Je prends la PrEP depuis 4 ans, donc la majeure partie de mes rapports se font maintenant sans préservatif. Mais cela peut arriver dans certains cas. J’en ai toujours dans ma table de chevet et j’en emporte toujours avec moi si je bouge. Comme je suis uniquement actif, l’avantage c’est que je n’ai pas à demander l’autorisation. J’en ai toujours mis jusqu’à il n’y a pas si longtemps, sauf lorsque j’étais en couple non ouvert, donc je n’ai aucune difficulté à en remettre. »
Il détaille les circonstances où il revient à ses vieilles habitudes : « le plus souvent c’est quand il s’agit d’un plan cul improvisé. Je prends la PrEP à la demande, donc il faut au moins deux heures pour que la première prise agisse. Et parfois, les plans cul, c’est “NOW”. Donc soit on attend, soit je mets une capote. Et comme la patience n’est pas mon fort… » Autre exemple : « il arrive aussi que les mecs me le demandent et je suis ravi d’en mettre. Très honnêtement, je ne trouve pas que ça change tant que ça au niveau des sensations. Pas pour moi, en tout cas. Et ça n’a jamais eu d’impact sur mon érection. De plus, ça présente deux avantages supplémentaires : ça peut protéger d’une éventuelle IST lors d’un rapport anal et c’est plus propre en cas d’ « accident d’hygiène ».
Il y voit un dernier avantage : « j’allais oublier: ça me rend généralement plus endurant. Je sais que le sexe n’est pas une histoire de performance, mais pouvoir durer plus longtemps est souvent une qualité appréciée ! [rires] »
Nathanaël, 27 ans, reste un utilisateur inconditionnel. Jusqu’ici, du moins : « j’en mets toujours. La PrEP ne me convient pas vraiment, du moins pas pour le moment. Je ne suis pas forcément à l’aise avec le fait de prendre un médicament alors qu’une capote peut faire l’affaire. Et je suis tête en l’air, j’ai peur d’oublier des prises… Je changerais peut-être d’avis un jour mais pour le moment ça me va bien. »
Comme Pierre-Alain, il bute régulièrement sur des garçons qui ne veulent pas en mettre : « c’est parfois frustrant. Déjà trouver un mec qui convienne n’est pas toujours simple, mais quand tout est ok et que cette question devient bloquante, c’est un peu chiant. Mais mon côté hypocondriaque prend le dessus et je préfère m’abstenir quand c’est le cas. Le pire c’est quand les mecs te disent oui et sur le moment font mine d’oublier ou tentent quand même le coup. »
Différentes tailles, matières ou goûts
Quelques infos utiles à mentionner pour terminer : le préservatif est disponible en externe (le préservatif le plus connu, qui se déroule sur la verge) ou interne, pour le/la partenaire passif.ve. Il existe en différentes tailles, textures, matières, ou goûts ! Ne pas oublier le lubrifiant, en particulier lors de la pénétration anale. Comme l’anus n’est pas naturellement lubrifié, le préservatif ajoute du confort au plaisir et minimise les risques de « claquage » (rupture du préservatif), ainsi que d’éventuelles lésions de l’anus qui favorisent la transmission du VIH et des autres IST. Parce que quel que soit votre moyen de prévention, l’essentiel demeure de se protéger au maximum.
Pour tout savoir sur les préservatifs, rendez-vous sur le site de Sexosafe.