Will Ferrell, comédien cisgenre star d’Hollywood et son amie Harper Steele, scénariste trans, prennent la route pour traverser les USA afin de savoir si la récente transition d’Harper va influer sur leur longue amitié. Un documentaire drôle et émouvant en forme de road-trip qui bouscule les préjugés.
« Bonjour. Je suis Will Ferrell, l’un des plus grands acteurs du monde ! ». Dès la première minute du film, le ton est donné : la star d’Hollywood, vue dans Les Rois du patin ou Frangins malgré eux, l’un des comédiens les plus drôles du pays, aime bien faire le malin et creuser le sillon de la mégalomanie feinte. Mais les courts plans d’interview posent rapidement les enjeux : Will et Harper sont amis depuis près de 30 ans et c’est la première fois qu’ils vont passer autant de temps ensemble depuis la récente transition d’Harper qui fut la scénariste en chef de l’émission culte américaine d’humour, l’hebdomadaire Saturday Night Live, qui fête cette année ses 50 ans d’existence et dont Will Ferrell fut longtemps pensionnaire. Harper, mariée, deux (grands) enfants et la soixantaine passée, est saisie de doutes et de questionnements suite à ce bouleversement intime mais également public de son identité de genre. Très vite les deux amis se retrouvent à New York, point de départ de cette traversée des Etats-Unis en voiture de deux semaines. Ce roadtrip « coast to coast » (de New York City à Los Angeles) à l’américaine, avec glacière et chaises de camping dans le coffre pour les incontournables pauses bière, peut commencer…
Au fil de leurs étapes, Will et Harper vont échanger à cœur ouvert, sans jamais se départir de leur passion commune pour la dérision érigée en art de vivre. De l’Iowa, chez la sœur d’Harper, à la folie de Las Vegas, en passant par les bars de motards trumpistes de l’Oklahoma ou par les restaus « white trash » du Texas, le comédien et la scénariste vont multiplier les punchlines et les blagues pourries (« au lieu d’être un trou du cul, je serai une bitch » balance Harper dès le début du voyage ou « ma puberté a duré 4 heures » quand elle évoque sa mamoplastie) mais vont surtout échanger. Harper qui a manqué de « role model » trans a dû improviser avec les moyens du bord cette phase de transition et appréhende toujours difficilement son rapport au monde (« j’ai peur de me détester ») mais ce voyage va être l’occasion d’expérimenter, d’être surprise ou, malheureusement, parfois confortée dans ses craintes. Pas didactique pour un sou, ne faisant l’impasse sur aucune des « sujets qui fâchent » et sans jamais oublier les privilèges que représentent une certaine reconnaissance professionnelle dans le milieu de la télé et le confort matériel qui va avec, Will and Harper vulgarise avec intelligence et délicatesse ce que peut être un parcours de femme qui transitionne à un âge certain.
Documentaire réalisé par Josh Greenbaum avec Will Ferrell et Harper Steele - 1h54 - Netflix