Devenu au fil des années un symbole de la lutte contre le sida, et un hommage vibrant à toutes les victimes, « Live to tell » en direct de la plage de Copacabana a arraché les larmes de plus d’un million et demi de spectateurs.
Le 4 mai dernier, histoire de clôturer en beauté sa tournée, le fameux Celebration Tour - en forme de best of de ses quarante ans de carrière - Madonna avait choisi la plage mythique de Copacabana, à Rio de Janeiro. Offrant sur un plateau en or un concert gratuit attirant plus d’un million et demi de spectateurs. Dans cet immense show mélangeant tubes inoxydables, danseurs et danseuses en veux-tu-en-voilà, compétition de voguing et invité.es cinq étoiles, un classique de Madonna a particulièrement ému le public. Il s’agit de Live to tell, une des plus belles ballades de la star sortie en 1986 comme le lead single de l’album True Blue. Un troisième disque studio pour la Ciccone, qui marque une étape décisive dans sa carrière, celle où Madonna, aidée par un disque rempli de tubes jusqu’à la lie (La Isla bonita, Open your heart, Papa don’t preach, True Blue…), va enfin s’imposer comme la pop-star incontournable du XXème siècle, à l’image des Michael Jackson ou Prince !
Au départ, il y a une chanson écrite par Patrick Leonard (immense producteur à qui elle doit une bonne partie de ses tubes des 80’s) à la demande de Madonna, pour le film Comme un chien enragé de James Foley. Un cinéaste grand ami de Sean Penn, alors jeune acteur débutant, qui va présenter ce dernier à Madonna, qui va en tomber folle amoureuse. Décidée à filer un coup de pouce à son nouveau béguin, elle appelle son collaborateur Patrick Leonard - à qui Quincy Jones vient juste de proposer de travailler sur l’album Bad de Michael Jackson - pour lui demander de composer un thème pour le film. Laissant tomber la proposition de travailler avec le King of Pop pour faire plaisir à la Queen of Pop, Patrick Leonard écrit ce qui reste à ce jour la plus belle, et connue, des ballades de Madonna. Une chanson sombre, loin du registre sautillant, désinvolte et dansant de la jeune star, basée sur les relations tourmentées de la jeune fille avec son père, le pardon, la résilience… Un tube qui va vite se hisser dans les charts et se positionner numéro un du billboard 100, le classement de référence dans le monde de la musique, et qui, au fil des années, et des concerts, va prendre une tout autre signification, bien plus universelle. Au milieu des années 2000, pour le Confession Tour, Live to tell est le prétexte pour alerter les médias sur les enfants africains qui meurent du sida dans l’indifférence la plus totale. Quitte à choquer l’église catholique qui va s’étrangler devant l’image de Madonna crucifiée sur une croix lumineuse dernier cri avec une couronne d’épines sur la tête ! Progressivement, fidèle à ses paroles - vivre pour témoigner - le morceau devient un hommage aux disparu.e.s de l’épidémie de sida dont de nombreux amis de la Madone comme le graffeur Keith Haring, le photographe Herb Ritts, le chanteur hors-norme Sylvester ou la diva Freddy Mercury. Madonna apparaissant seule sur scène dans un moment intense d’émotion pendant que d’immenses écrans diffusent les images de victimes du sida. Pour son hold-up à Copacabana, histoire de terminer en fanfare sa longue tournée, Madonna a, bien évidemment, devant un parterre géant de spectateurs émus aux larmes, interprété Live to tell. Ajoutant sur les écrans géants les portraits de figures brésiliennes mortes du sida comme le chanteur de rock Cazuza ou le musicien Renato Russo. Un geste fort et puissant, célébré à sa juste valeur par l’association Aids Memorial, récompensant ainsi une carrière entière dédiée à la lutte contre le sida.