Avec son look de cowboy fleuri et sexy, le chanteur masqué Orville Peck homosexualise comme jamais la country et l’imagerie du cowboy quitte à bousculer l’Amérique profonde et réactionnaire.
Orville Peck, nouveau roi queer de la country, n’aura pas attendu que Lil Nas X ou Beyoncé s’emparent du genre, ou que Pharrell Williams revisite le look cowboy pour Vuitton, pour se faire l’apôtre d’un retour de l’Americana, le son de l’Amérique profonde. Histoire de mieux le secouer et bousculer dans tous les sens en y apportant un sens du camp désormais légendaire. Basé au Canada, lonesome cowboy du futur diaboliquement sexy, Orville Peck est sorti de nulle part en 2019. Toujours masqué (on est fan de son loup à franges du plus bel effet), vêtu de chaps moulants, de chemises en jean sans manches qui dévoilent son torse poilu, avec son corps musclé recouvert de tatoos, son stetson vissé sur la tête et accompagné de son fidèle destrier, Orville a marqué les esprits avec Pony, sorti il y a cinq ans.
Un premier album impeccable qui plongeait au cœur de la country et du rythm & blues le plus brut, accompagné d’une voix de crooner de velours aux tonalités érotiques évoquant aussi bien Elvis que Morrissey. L’artiste d’origine canadienne, tout en cultivant soigneusement son anonymat, rendait ainsi hommage à l’homosexualité, longtemps invisibilisée, du far west, des rodéos parfumés à la testostérone et des bals populaires et ses cowboys en quête d’un coup d’un soir et d’un peu de tendresse. Un imaginaire à la Brokeback Mountain repeint à la sauce arc-en-ciel quand les cowboys, repus d’une journée à sillonner le désert et chasser les méchants, s’enculaient sous la tente à la pleine lune histoire de décompresser de journées à galoper dans la steppe et chasser les méchants.
Débarqué comme une tornade queer dans le milieu très conservateur, pour ne pas dire réac, de la country, Orville Peck, même si encore confidentiel et partagé par quelques branchés en France, s’est taillé une place de choix aux Etats-Unis preuve de l’ouverture de la country à des voix nouvelles et différentes. Et il suffit de constater les chiffres de streaming à six zéros d’Orville pour s’en convaincre. Comme la couverture en chaleur que lui consacre le magazine hypra-branché Paper. Depuis, alors que les rumeurs pour savoir qui se cachait derrière Orville ont fait leur chemin - on murmure qu’il s’agirait du batteur Daniel Pitout d’origine sud-africaine du groupe canadien Nü Sensae – le cowboy a enchaîné les albums, tout en ouvrant grand sa veste à frange à la pop, et gagné une fanbase queer qui ne cesse de grandir, émoustillée par le fantasme du cowboy chaud comme un brasero !
Stampede Vol.1, son troisième album encore tout chaud, le voit ainsi s’entourer de figures de la country comme Willie Nelson, de pop stars comme Elton John ou Noah Cyrus, la petite sœur de Miley Cyrus ou du DJ anglais Midland… Tout en ayant l’intelligence d’ouvrir grand son répertoire musical, surfant de la ballade country mélancolique au glam-rock recouvert de paillettes, de la pop pour hit-parade au flamenco tapageur.
Une volonté d’élargir son audience, à l’exemple de Midnight Ride, le tout nouveau single d’Orville Peck avec Kylie Minogue (dans un registre qu’on ne lui connaissait pas) et le producteur de renom Diplo, connu pour son travail avec Madonna. Une manière de teaser en beauté le volume deux de l’album Stampede (avec son lot de featurings de haut vol) prévu pour le 8 aôut qui nous donne déjà envie d’investir dans un chaps et de crier « Yeeaaah ! » (le cri de ralliement des cowboys) en faisant claquer notre lasso !
Orville Peck : Stampede Vol.1 + Vol.2 (WEA)