Reprise du classique transi et amoureux de Elvis Presley, « Always on my mind » des Pet Shop Boys catapulte le morceau sur le dancefloor au milieu de mecs torse nu et des effluves de poppers.
1987, dans l’émission de variété Love Me Tender, spécialement consacrée à l’anniversaire des dix ans de la mort d’Elvis Presley, les Pet Shop Boys, avec une tripotée d’autres artistes de l’époque, décident de rendre hommage au roi du rock & roll en reprenant Always on my mind, un grand classique du king. Proposé en 1972 à Elvis, ce dernier la refuse dans un premier temps, ne la trouvant pas digne de son répertoire. Ce sera finalement Brenda Lee, chanteuse oubliée et très proche d’Elvis qui va l’interpréter la première fois en 1972 dans une version rythm & blues très orchestrée et déchirante qui va connaître un joli succès. Devant la popularité du morceau, Elvis ne va pas attendre et sortir sa propre interprétation, celle que tout le monde connaît, en forme de petit chef d’œuvre d’amour contrarié, quelques mois plus tard. Et en faire un classique du répertoire américain repris de nombreuses fois. De Willie Nelson (une icône de la country qu’on retrouve sur le dernier album de Beyoncé) à Roch Voisine, de Dave Gahan de Depeche Mode à Amanda Lear. Pour leur version, le duo qui a une poignée d’années d’existence et seulement deux albums – Please et Actually – à son actif, va appliquer la méthode dure. La balade larmoyante, aux accents country, d’Elvis est ainsi revisitée en mode Hi-NRG. Cette version plus dure et sexuelle du disco qui a fait les beaux jours des clubs gays des années 80. Un genre musical plus queer tu meurs que le duo a largement piqué au producteur new yorkais Bobby Orlando avec qui ils ont enregistré en 1984 leur premier tube : West End Girls. Avec ses arpeggios de synthés, son beat accéléré, ses chœurs pompiers, la version jouée en direct ne laisse personne indifférent, au point que le duo va rapidement en enregistrer une reprise officielle avec un petit détail qui a son importance. Alors que les paroles originales de la chanson pouvaient d’adresser de la même manière à un homme ou une femme, Elvis avait cru bon y rajouter un « girl », lui qui était déjà attaqué à l’époque sur ses costumes roses saumons, son déhanché pelvien et sa « féminité », les Pet Shop Boys décident de rester dans le flou. Une manière de semer des petits indices sur leur sexualité sans forcément s’exposer, Neil Tennant le chanteur ne fera son coming-out officiel qu’en 1994, Chris Lowe, le roi des synthés, pas avant 2011.
Sorti officiellement en single en novembre 1987, le titre est décliné en différentes versions, une habitude qui ne quittera jamais le duo, et de nombreux remixes. Mais c’est son inclusion dans Introspective, un album de remixes club où le duo saute dans le train de la house en train d’exploser en Angleterre, qui contient certainement la version la plus incroyable de Always on my mind. Medley entre l’original, et sa déclinaison en version acid-house, la reprise de ce standard hétérosexuel en version camp aux relents de poppers, va peu à peu s’installer comme un immense classique tout en haut des hit-parades et s’imposer comme un des singles des Pet Shop Boys les plus célèbres aux chiffres de ventes phénoménaux. Consécration ultime : dans les années 2000, Always on my mind des Pet Shop Boys est élue parmi les 50 meilleures reprises de tous les temps, avant carrément d’être intronisée meilleure reprise toute catégorie de l’histoire. Comme quoi, gays do it better !