Nouvelle égérie queer, le jeune chanteur australo-sud-africain livre avec son nouvel album, une collection de tubes chauds et suants comme une virée en partouze.
Avouons-le de suite, on guettait d’un œil discret l’ascension du jeune chanteur Troye Sivan, 28 ans, né en Afrique du Sud mais exilé en Australie tout jeune. Enième jouet pop et enfant star (il a joué dans la licence X-Men), lancé par Youtube et parfaitement à l’aise dans le grand bizness qu’est devenu l’entertainement queer, Troye cumule la célébrité, passe d’acteur à chanteur, d’égérie fashion à boys next door, de TikTokeur en folie à sex-symbol, avec une aisance folle.
Sur deux premiers albums – « Blue Neighbourhood » (2105) et « Bloom » (2018), tout en surfant sur le son post-eurodance du moment, et se permettant quelques embardées plus sentimentales, Troye Sivan restait ce twink pop, gentiment provoquant et sexy, affirmant avec fierté son identité queer, à travers des clips léchés et homo-érotiques. Bref, on s’ennuyait un peu avec ces chansons mielleuses qui manquaient un poil de cul.
Et puis, 25ème année ou canicule estivale oblige, Troye surprend tout le monde début juillet avec « Rush », un morceau conçu pour la danse accompagné d’un clip chaud comme la braise tourné en plein cœur de Berlin la libertine. Un hommage, des paillettes et une faciale dans les yeux, à la partouze et au poppers, rempli de mecs sexy et de dance-routine érotiques, de culs bombés et de paquets prêts à exploser, de jockstraps en veux-tu en voilà et de harnais dernier cri. En bref, un parfait moment de rush sexuel en hommage à la beauté de l’amour et du sexe entre mecs !
« Something To Give To Each Other », le troisième album de Troye, emporté par l’élan et le succès du titre « Rush » qui nous aura chauffé le slip tout l’été, peut s’appréhender comme une forme de coming-out sexuel de la part de Troye. Un Troye, qui certainement lassé d’être le twink de service, a pris des muscles, assume sans vergogne sa masculinité, pose le cul à l’air et la bite moulée dans un jock, tout en balayant le spectre amoureux gay, via la sexualité, avec un disque qui alterne morceaux dansants et balades romantiques tout en cumulant les tubes gavés de phéromones. Conçu au départ comme un disque à la mémoire de sa dernière relation amoureuse (avec le top-model Jacob Bixenman), le troisième album de Troye est devenu une sorte de carnet de bord d’un jeune gay plongé dans l’érotisme gay et la sexualité au XXIème siècle. Une enquête sexologique déclinée à l’heure des réseaux sociaux, des apps de rencontre, des nudes décomplexés et de la découverte de toute la panoplie vestimentaire BDSM. « One Of Our Girls », où Troye déclare son amour à un garçon hétéro, donne envie de chanter à tue-tête fenêtres ouvertes sur l’autoroute, « Got Me Started » est une bombe de house qui aurait pu finir sur le dernier Beyoncé, « Still Got It », en forme de prière gospel, narre le choc de retomber sur un vieil amour pas aperçu depuis des années, le doux et mélancolique « Can’t Go Back, Baby » scelle la fin d’une relation et l’impossibilité de revenir en arrière. Chanteur, role-model queer, exhib’ à ses heures, petit génie des réseaux-sociaux, comédien en vue (on l’a vu récemment dans la série sulfureuse The Idol aux côtés de Lily-Rose Depp et The Weeknd), le touche-à-tout Troye Sivan, avec certainement un des meilleurs disques pop de l’année sous le bras, vient de se hisser sur le podium des divas queer en devenir. On attend la suite avec impatience.
Troye Sivan : « Something To Give To Each Other »