Musique : Michal Kwiatkowski, Je m’accroche

musique - Musique : Michal Kwiatkowski, Je m’accroche
Julien Claudé-Pénégry

En 20 ans de carrière, le finaliste de l’émission Star Academy saison 3 sur TF1, Michal Kwiatkowski n’a pas chômé. A l’occasion de la sortie de son nouvel album intitulé MK40 en version vinyle en série limitée le 11 novembre, Michal revient pour STROBO sur son parcours autant pro que perso en toute simplicité.

Vous vous souvenez sûrement de la version du titre Sans contrefaçon de Mylène Farmer que Michal a interprété lors de sa participation à Star Academy en 2003. Le temps semble s’être envolé depuis. A l’occasion de ses 40 ans, le jeune homme a fait les choses en grand. Il a organisé un concert unique sur la scène de l’Étage du Gibus pour célébrer en public ce tournant majeur dans sa vie personnelle et la sortie de MK40, son nouvel album. Ce nouveau rendez-vous musical apparaît comme un point d’étape dans une vie bien remplie. « J’ai commencé ma carrière il y a 20 ans avec la maison de disques Universal pour laquelle j’ai fait deux albums. Il y a toujours des gens qui adorent te parler dans la rue quand tu as été une pop star ou quand on te voyait beaucoup dans les médias. Puis quand le succès se fait plus discret médiatiquement, ils disaient « Ah, mais vous ne faites plus grand-chose aujourd’hui », se souvient-il.  Eh bien au contraire, Michal n’a pas chômé. Fort de son succès télévisuel, il enchaîne les tournées, les concerts puis prend son envol avec un projet conceptuel new wave sous le nom de « Self Concept » et un peu plus tard un album autour de l’univers de son compatriote polonais Frédéric Chopin. Mais c’est dernièrement que les choses ont pris une autre tournure au point d’avouer avoir concrétisé plus de choses qu’il y a 20 ans !  « Mais ils ne peuvent pas imaginer tout ça, parce que finalement, bien sûr, je chantais, je faisais des concerts, j’enregistrais au studio », déclare-t-il serein. Faire le choix de l’indépendance a été un véritable électrochoc dans sa vie. Alors oui aujourd’hui, il cumule deux métiers prenants mais ils sont aussi indissociables que passionnants. Il y a l’école qu’il a créé sous le nom de Studio Michal, un atelier de musique où il enseigne le piano et le chant et toujours la scène avec sa propre production musicale. Pour allier ces deux activités en parallèle, il a consenti à faire de gros sacrifices personnels qu’il ne regrette pas un instant. Résultat des courses il travaille comme un acharné mais se dit épanoui et heureux à tous les niveaux. « En semaine, je suis en cours avec mes élèves que j’adore et grâce à qui du coup, en week-end, je peux faire ma musique et je peux investir dans les sorties de mes chansons, dans la production de mes spectacles », explique-t-il pleinement satisfait.

Un album « constat »

MK40, c’est l’album de la maturité. Il fait figure autant de conclusion à tout un pan de sa vie qu’à une invitation à un nouveau départ. Il a puisé dans les derniers changements dans sa vie, au cœur de ses souvenirs les plus profonds, a évacué ses doutes les plus récurents pour nourrir l’intégralité des titres. Parmi les premières incertitudes il y avait la naissance même de ce recueil de chansons. « Je me disais que ce serait impossible de sortir un album. Je n’ai pas le temps, je n’ai pas l’argent, et parce que j’ai trop de cours Et je me suis dit que je vais sortir chanson par chanson.  Et ça a commencé avec « l’Amour de mon père». C’était en 2022, au mois d’avril.  Et en fait, tout a commencé avec cette chanson.  Parce que j’ai vu que les gens étaient au rendez-vous », expose Michal avec une satisfaction palpable. Ce single faisait la promotion de son concert au Théâtre de l’Œuvre, le 6 juin 2023 en version piano-voix. Un format one shot qu’il a tellement apprécié que le concert anniversaire de ces 40 printemps a été imaginé de la même manière : en une expérience à part entière qui ne se reproduirait pas. Je me suis dit, OK, pour mes 40 ans, j’ai le temps de faire un album », commente l’intéressé. Il s’agit donc d’un mini-album de huit titres, composé de ceux déjà sortis plus quelques nouveaux dont un remix. Mélange de toutes les influences qui lui sont chères, on y trouve un coté électronique assez présent, une partie plus drums hip-hop et forcément du piano. Tout a été composé et enregistré voix et claviers dans son studio de Montreuil. La réalisation est quant à elle confiée à son ami belge, Jaimy Jay. Michal s’étonne encore de le dire mais il a mis une attention toute particulière à soigner les paroles, lui qui privilégie généralement plus la musique. Pour cela, il a posé des mots sur ses sentiments, ses ressentis, entre douleurs et bonheur. Pour la première fois de sa vie, tous les textes sont de lui, à l’exception de My Love qui est écrit par Bixente, l’homme qui partage sa vie depuis quelques années.

Résilience

« C’est quand même dans mes tripes, ça sort de moi ! C’est la première fois que je raconte ma vie. Les précédents albums n’étaient pas thérapeutiques. Je n’en ressentais pas le besoin. Celui-ci l’est », confie l’artiste. En se lançant dans cette aventure, il parle beaucoup de ses traumatismes liés notamment à une enfance douloureuse. « J’ai eu une enfance assez tragique, assez compliquée et en fait, tous les éléments étaient là pour que je me décourage et pour que peut-être je ne finisse pas aussi bien que j’ai fini. Parce que je venais d’une famille très modeste, ça ce n’est encore pas très grave, mais j’ai perdu ma mère quand j’avais 10 ans, qui est décédée du cancer du sein.  J’ose le dire aujourd’hui, mais il y a encore 3 ans, si on faisait cette interview, je ne l’aurais jamais dit. Et puis j’ai été abandonné par mon père, moi et mon petit frère et nous avons été accueillis par nos grands-parents paternels », révèle Michal.  De ces stigmates, le jeune garçon de l’époque en a fait une force. Sa détermination et son esprit combatif lui ont permis de s’en sortir et de trouver la voie du bonheur alors que le destin lui laissait entrevoir un chemin bien plus chaotique. Cabossé, il l’est ou plutôt l’a été. Comme un exutoire, il conjure le sort en démêlant dans les paroles de MK40, un à un les moments marquants de sa vie.  Par exemple dans The women I love, il s’adresse à toutes celles qui ont jalonnées son existence, l’ont encouragées et inspirées. « Je me suis dit, ok, je suis homo, mais j’ai rencontré sur ma route tellement de femmes extraordinaires que j’ai aimé d’une autre manière qu’amoureuse et là je retrace aussi ma vie en commençant évidemment par ma mère, en parlant évidemment de ma grand-mère qui est partie aussi il y a 4 ans. Je pourrais encore lui dire « mamie, tu m’as sauvé la vie », sans oublier bien entendu mon amie Elodie Frégé qui me connait mieux que quiconque et ma prof de français qui m’a donné l’amour de cette langue et l’envie de vivre ici », annonce-t-il avec des yeux scintillant de gratitude.

Coups de cœur

Il y a d’autres amours qui font battre le cœur de Michal. A commencer par la France. Il a commencé à apprendre le français à l’âge de 15 ans en tombant sous le charme des disques de Mylène Farmer que son père lui ramenait lorsqu’il habitait chez ses grands-parents. « J’ai entendu cette langue que je n’avais jamais entendue auparavant et la langue m’a littéralement envoûtée. J’ai trouvé la sonorité de la langue extraordinaire si belle que ça a été le premier déclic qui n’a finalement pas beaucoup d’importance aujourd’hui parce que pour moi la France est devenue ma maison, c’est pour ça que j’essaye d’obtenir la double nationalité en ce moment », reprend-il.  Ça fait 20 ans qu’il vit en France au point de se sentir plus Français que Polonais. « Je pense que quand je suis parti à l’âge de 18 ans m’installer en France, c’était la meilleure décision de ma vie », continue-t-il.   Dans cette quête du bonheur, il y a aussi l’homme auteur de My Love, qui depuis 3 ans a transformé la vie amoureuse de Michal. Lui, c’est Bixente qui, en bon prince charmant, veille à son aimé. Il est aussi derrière l’aspect visuel de l’homme-artiste. Les photos, l’images de Michal on les lui doit. Qu’il appuie sur le boitier de son appareil photo ou dans le quotidien, il pose un regard bienveillant et porteur. « Personne ne m’a jamais aussi bien perçu que lui, il regarde l’âme des gens » déclare le chanteur à l’intention de celui qui partage sa vie. Ils forment un couple à la ville comme à la scène puisqu’ils collaborent aussi au niveau professionnel dans des performances privées et publiques. Bixente, chanteur, coach vocal et pianiste associe souvent son talent à celui de son bien-aimé. Leur union, ils n’ont pas hésité à l’officialiser dans les médias autant pour jouer la carte de la transparence, que pour prouver que l’on peut être homosexuels et vivre heureux, sans crainte. Cette visibilité participe aussi à l’investissement de Michal auprès de l’association Le Refuge : aider et accompagner les jeunes qui vivent des situations de rejets familiaux en raison de leur orientation sexuelle.

Avec MK40, Michal Kwiatwkoski semble tirer un bilan de tout ce qui a traversé durant ses 40 ans premières années. Désormais deux initiales suffisent à nommer celui que l’on appelle affectueusement Michal depuis son apparition sur nos écrans de télé en 2003. Un album vérité, authentique qui résonne comme un accomplissement.  C’est une page qui se tourne sur une partie de sa vie mais c’est surtout le début d’une nouvelle étape faite de liberté revendiquée.

MK40 est disponible sur les plateformes d’écoute en ligne et en vinyle collector.


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