A Perpignan, l’environnement est de plus en plus hostile à la diversité. Dans cette ville - la plus grande en France gérée par le Rassemblement national - l’actualité LGBTQI+ se résume souvent à une flambée inquiétante de la violence homophobe en tous genres. Comme un acte de résistance, le photographe Marc Martin y exposera - dans le cadre du 7ème festival « Et Alors » - une nouvelle série de portraits atypiques. En emblème, Jona, jeune homme trans, qui sourit fièrement.
Le 5 juin dernier, quelques jours avant la dernière Pride de Perpignan, le centre LGBT+ a encore subi des dégradations : les termes « lesbiennes », « gays » et « trans » ont été barrés, ainsi que le logo de l’association. Une croix celtique (symbole de certains groupes revendiqués d’extrême droite) étaient dessinée sous ce slogan : « pas de vos propagandes ici ».
Lors d’une précédente édition du festival LGBT+ « Et Alors ?! », le local de l’association avait été taguée d’inscriptions abjectes : « anti PD, LGBT, non à la décadence » pouvait-on lire sur la façade du bâtiment. Un couple de lesbiennes a été victime d’insultes lesbophobes et de vandalisme sur leur voiture. « On cherche clairement à nous mettre la pression quelques jours avant le festival du film pour nous montrer que nous ne sommes pas les bienvenus », déclarait le président de l’association.
Aujourd’hui, l’affiche du prochain festival LGBTQI+ des Pyrénées-Orientales est plus chatoyante que jamais. Joli pied de nez aux rabat-joies de la région. Et cette 7ème édition, sera inaugurée par une exposition du photographe Marc Martin : Je suis comme je suis, et alors ?!
Sortir de sa zone de confort
L’œuvre charnelle de Marc Martin qui prône le vivre ensemble et la sexualité libertaire risque fort de mal cadrer avec l’imaginaire politique des élus de la ville. Combattre les idées reçues sur les terres hostiles fait partie des motivations de l’artiste : Inviter les habitants de Perpignan les plus attachés aux traditions archaïques à changer de point de vue sur la communauté LGBTQI+, c’est aussi l’enjeu de cette exposition. Sortir de sa zone de confort, c’est aussi ouvrir le propos : le photographe inaugurera une nouvelle série avec Jona, jeune homme trans, pour soutenir les personnes transgenres récemment ciblées par des propositions de loi à travers le monde pour restreindre leurs droits.
L’exposition promet donc d’être multicolore. Un jeune homme trans dans les vestiaires collectifs d’une salle de boxe côtoie un danseur en tutu. Ils incarnent la masculinité plurielle - chère au travail inclusif de Marc Martin. Pour combattre l’homophobie qui souille souvent les milieux sportifs, le photographe s’est entouré d’allié·e·s : Mathis Chevalier, triple champion de MMA (une discipline machiste des plus violentes) joue pour lui les héros queers en déjouant les clichés (Mon CRS, le court métrage du photographe sera également programmé au festival de Perpignan) et Manuela Kay, célèbre activiste berlinoise prend la pause les mains sales sur sa moto.
Pour lutter contre toutes sortes de discriminations liées à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre, Marc Martin va plus loin : les personnes fétichistes sont souvent perçues comme des ovnis. Leurs pratiques suscitent beaucoup d’incompréhension et de préjugés – y compris au sein de la communauté LGBTQI+. Elles auront leur place dans l’expo.
Marc Martin, « Je suis comme suis. Et alors ?! ». Exposition dans le cadre du 7e Festival LGBTQI+. Du 7 au 28 octobre 2023. Librairie Torcatis, 10, rue Mailly 66000 Perpignan
Vernissage le 7 octobre 18h, suivi d’une projection du film « Mon CRS » à 20h45 au cinéma Castillet.
Festival “Et Alors”, Cinéma Castillet de Perpignan, du 13 au 15 octobre 2023.