Nous évoquions dans le Strobo précédent que le plus international des acteurs porno gay frenchy François Sagat, s’apprêtait à sortir son premier album électro baptisé Videoclub. Nous l’avons rencontré dans les sous-sols du bar parisien The Labo pour échanger autour de cette nouvelle aventure mais pas que…
Bruce LaBruce a dit de François que c’était un « White canva » ! A voir la variété des univers dans lesquels il évolue, le réalisateur américain avait vu juste. Curieux de nature, François Sagat aime surprendre. Loin de n’être qu’un acteur X, son parcours professionnel ponctué de projets très éclectiques montre son appétit insatiable. Un petit retour s’impose. Bien évidemment les films pornos sont comme une évidence pour tous ceux qui le connaisse exclusivement sous cette facette mais ça ne serait qu’injustice de ne le réduire qu’à cela. Il a été modèles de nombreux photographes (Pierre et Gilles, Terry Richardson, Ali Madhavi…) a tourné dans des films d’auteurs, underground et grand public, il a même développé un temps, une marque de sous-vêtements. A l’été dernier, contacté pour un show sous forme de revue de cabaret mis en scène par Marc Zaffuto et Manon Savary, il monte sur la scène du Fantasma Circus Erotica. Tout s’enchaîne très vite. La première a lieu en novembre aux Folies Bergères, puis reprend d’avril à mai au Théâtre des Variétés. Ce spectacle sort du rang. A la fois sexy, sensuel et torride, il casse les codes de la bienséance et invite les spectateurs dans un monde de fantasmes. Par ce « happening », François remet le pied à l’étrier des performances artistiques qui ont toujours été son moteur. Touche à tout, il se lance des défis, tout comme l’est sa carrière dans le porno. A chaque fois, il fait sensation. Dernièrement, c’est dans Marathon, le clip sulfureux du chanteur Bilal Hassani, qu’on a pu le remarquer.
Pluralité
Avide d’expériences, François est un garçon qui s’amuse à s’aventurer là où l’on ne l’attend pas forcément, Videoclub produit par le DJ Tommy Marcus en est la preuve. Ce qui en 2020 devait être un simple single s’est métamorphosé en un album de 45 minutes. A chaque fois François Sagat s’investit à 1000%, fait bouger les lignes, travaille comme un forcené pour donner le maximum de lui-même. « Jamais de moi-même, je me serai lancé dans un album. C’est terrifiant surtout quand on n’est pas chanteur, que l’on n'est pas connu pour ça et que l’on n’est pas attendu dans ce secteur », explique l’intéressé. D’ailleurs, il n’est pas à son coup d’essai côté musique. Rappelez-vous des collaborations qu’il a fait en duo avec Igor Dewe ou le titre Hadès avec Sylvia Gobbel. Même si ces aventures aussi « sublimes » soient-elles n’ont pas eu le succès escompté, il a su en tirer parti, le recul faisant pour analyser avec quiétude ces échecs commerciaux. Il se dit « frustré » mais reste philosophe.
Singularité
Aujourd’hui, c’est une autre perspective qui s’offre à lui. Toujours porté par une sorte d’« égocentrisme, d’expérimentation sur lui-même au même titre que le porno », les titres qui composent cette virée musicale sont tour à tour vaporeux, spatiaux, aériens, terre-à-terre, parfois mélancoliques ou inquiétants. Fairytail et I do wanna break your heart, les deux premiers titres tout comme les autres morceaux de l’album ont poussé François Sagat une fois de plus en dehors de sa zone de confort pour mieux se réinventer. Et pour cela, il s’est fait auteur en devant écrire les paroles de tout Vidéoclub pour ensuite les interpréter. « Cela parle beaucoup de sexe pur et dur » concède François avec amusement. Sujet inépuisable, il puise dans la sexualité toutes les aspérités qu’elle laisse entrevoir pour les interroger. Il touche aussi aux rêveries, à l’horreur tout en restant « très très gay » comme il le précise. Lui qui se définit en tant que « guignol qui essaie de faire ça, ça et ça » fait de Vidéoclub, un souvenir de ces lieux dans lesquels il aimait aller flâner pour s’évader. Comme un soupçon de nostalgie, ce tableau sonore retrace trois décennies d’influences musicales qui ont marqué sa vie personnelle. Souhaitons à Vidéoclub concocté avec amour et passion qu’il puisse devenir un objet de plaisirs auditifs dans tous les clubs.
Disponible depuis le 7 juillet sur les plateformes musicales.
L’interview + : retrouvez en exclusivité l’interview vidéo de François Sagat sur www.strobomag.com