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Sélection littérature les Mots à la Bouche - février 2023

Strobo Mag

Femmes des années folles

Peintres, créatrices de mode, chanteuses, danseuses, aviatrices, mécènes, militantes… cette période d’euphorie a fait naître de nombreuses héroïnes. Certaines comme Coco Chanel, Colette, Suzanne Lenglen, Garbo, ou Joséphine Baker sont entrées dans la légende. D’autres ont été négligées par l’histoire.L’entre-deux-guerres s’impose comme une période de joie au cours de laquelle chacun et chacune se doit d’être libre et heureux. Les femmes des Années folles évoquées dans ce livre s’y sont évertuées. Au-delà de leurs conditions elles ont imposé leur personnalité, leur talent, leur audace et leur courage. Ce livre fait le portrait des années vingt en remettant les femmes à leur juste place, en les évoquant pour ce qu’elles furent avant tout : les figures majeures de leur temps !

Femmes des années folles, de Norman Barreau-Gély, Ed. EPA, 39,95€

 

 

 

 

 

 

 

 

Dysphoria Mundi

« Puisque mon désir de vivre en dehors des prescriptions normatives de la société binaire hétéro-patriarcale a été considéré comme une pathologie clinique caractérisée sous le vocable de « dysphorie de genre », il m'a paru intéressant de penser la situation planétaire actuelle comme une dysphorie généralisée. Dysphoria mundi : la résistance d’une grande partie des corps vivants de la planète à être subalternisés au sein d’un régime de savoir et de pouvoir patriarco-colonial ». Tel est le point de départ de ce livre de « philosophie documentaire » où l’auteur, malade du covid et enfermé seul dans son appartement, emprunte à tous les genres (essai, fiction, journal) pour raconter à sa façon un monde dont les différentes horloges se sont synchronisées au rythme du virus, mais aussi du racisme, du féminicide, du réchauffement climatique... et de la rébellion à venir. Une manière de carnet philosophico-somatique d’un processus de mutation planétaire en cours. Si la modernité disciplinaire était hystérique ; si le fordisme, héritier des séquelles des deux guerres mondiales sur la psyché collective, était schizophrène ; le néolibéralisme cybernétique, lui, est dysphorique.
L’hypothèse centrale de cet essai : les événements qui se sont produits pendant la crise du covid à l’échelle mondiale marquent le début de la fin du réalisme capitaliste.

Sommes-nous condamnés à croire tout savoir et ne rien pouvoir faire pour changer le cours des choses (paranoïa conspirationniste) ou continuer à tout faire de la même manière mais sentir que plus rien n’a de sens (dépression individualiste) ? Non : il est possible de franchir le pas vers une autre épistémologie terrestre. Encore faut-il refuser la nouvelle alliance du néolibéralisme numérique, des rhétoriques néo-nationalistes, l’explosion des inégalités économiques, des violences raciales, sexuelles et de genres, la destruction de la biosphère pour initier un profond processus de décarbonisation, de dépatriarcalisation, de décolonisation : c’est l’« hypothèse révolution » dont ce livre pose les prolégomènes...

Dysphoria mundi, de Paul B. Preciado, Ed. Grasset, 25€

 

 

Qu’on leur donne le chaos (ed bilingue)

4h18 du mat’. 7 paires d’yeux écarquillées, incapables de dormir. Jemma. Esther. Alicia. Pete. Bradley. Zoé. Pious. 7 âmes vidées, 7 cœurs brisés, sous le ciel grondant de Londres, en plein cauchemar éveillé. 7 îlots de solitude en proie à l’anxiété voient leur vie défiler à un tempo effréné.Dans ce poème urbain, qui rappelle les rythmes, syncopes et la narration épique des Nouveaux Anciens, Kae Tempest reflète la misère de ses contemporains, engoncés dans leur vie et assoiffés d’étourdissements. Des nouveaux quartiers huppés de la capitale aux rives désenchantées de nos cerveaux aliénés, sous acide et sous pression, elle raconte les injonctions à la consommation effrénée, les atermoiements d’une génération désenchantée qui cherche dans l’épuisement des échappatoires à la vitesse, l’oubli des guerres et des violences, pillages pour assouvir nos désirs de possession et de puissance.

Qu’on leur donne le chaos, de Kae Tempest, Ed. L’Arche, 17,50€

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