Un « coucou » ravageur et guttural, un look tonitruant à faire pâlir les daronnes, un make-up digne qui pourrait faire passer la Joconde pour une peinture, et le tour est joué. Après un carton plein au festival d’Avignon, Lolla Wesh, personnage truculent, impertinent et craquant, vient faire sa thérapie sur la scène du Théâtre du Marais, les 3e dimanches du mois. Elle y va cash la Lolla, prévenant au détour les hétéros dans le public qu’elle n’a rien contre eux mais qu’ils vont se prendre une bonne charge. Car ici, tout est abordé sans tabou ni retenue. On y parle drogues, prostitution, genre, sexualité, homosexualité… avec une grosse dose d’auto-dérision, de franchise bien sentie et d’humour. Alors oui, on a aimé, on a adoré, on a surkiffé. C’est enlevé, frais, sans concession, tranchant et glam, percutant et élégant. Et comme on la connait un peu, Lolla a accepté de répondre à 3 questions qui nous titillaient.
Qu’est ce qui t’a motivé à construire ce spectacle ?
L'idée n'est pas venue de moi mais de mon amie et productrice Valentina Del Pearls qui a créé la Compagnie du Burlesque Klub, dont je fais partie, initialement dans le spectacle Le Cabaret Burlesque, que l'on présente à La Nouvelle Seine depuis 9 ans. Valentina emmène son spectacle burlesque à chaque festival off d'Avignon. En 2017 elle m'a embarqué pour l'aventure avec mon personnage Tom de Montmartre, et je faisais un peu de présentation en Lolla Wesh pendant le spectacle.
Après cette édition du festival off d'Avignon c'est donc Valentina qui m'a motivé à écrire mon spectacle : "Je vais te reprendre pour le prochain Avignon mais avec ton propre spectacle." Je n'avais rien, et en quelques mois j'ai écrit la toute première version de ce spectacle que j'ai présenté en 2018 au festival off d'Avignon. Par la suite, l'idée de rendre publique ma vision du monde en parlant de mon parcours de vie à travers le prisme de l'humour, j'ai l'intime conviction que c'est nécessaire.
Comment est né ton personnage de Lolla ?
C'était il y a déjà 7 ans...à l'origine Lolla n'était pas un projet mais une private joke entre amis né pendant une after. C'est un clin d'œil affectueux pour une amie du burlesque qui vit à Bruxelles, Lolly Wish (le nom rappelle quelque chose), et la blague m'est venue de faire une fan un peu kitch de Lolly, qui tente de lui ressembler, un peu comme ces femmes fans de Mylène Farmer qui essayent de lui ressembler, souvent c'est à côté de la plaque. J'ai énormément de tendresse pour ces personnes "sosies" chez qui ça ne fonctionne pas trop. Ensuite la private joke s'est professionnalisée en étant maîtresse de cérémonie pour quelques Cabaret Burlesque à La Nouvelle Seine, je dirais que ce sont dans ces moments-là que Lolla a grandi, en plus d'exister à travers mes vidéos humoristiques évidemment.
Faire bouger les choses, faire reculer certaines lignes, il ne faut jamais arrêter Lolla?
Ne Jamais arrêter Lolla, c'est "marrant" que tu me dises ça, à force de bouger les lignes et décasser certains codes, je me suis retrouvé avec ma page FB restreinte et mon compte Insta régulièrement shadowban, faut avouer qu'à une certaine période j'étais un peu radical et en colère, ça ne plaît pas à tout le monde. Depuis je croise des gens en soirée qui me reconnaissent et qui me disent cette terrible phrase : "oh j'adorais tes vidéos dommage que tu aies arrêté"...mais je n'ai jamais arrêté.
Cette situation montre bien qu'il y a une volonté d'invisibiliser les LGBTQIA+ sur le web. Avant de "trop" requestionner les travers de la société, j'avais énormément plus de visibilité, je sais que je ne suis pas le seul artiste Queer à devoir dealer avec les bans d'internet. Ça rend le travail plus difficile, mais franchement je fais avec. Et ça ne me motive que plus de continuer à faire bouger les choses ou créer des prises de conscience avec mon humour. Je crois que juste exister en tant que Lolla Wesh c'est déjà un acte dissident. Donc un condensé de lutte, oui.
Lolla Wesh, Théatre du Marais 37 Rue Volta, Paris 3e