Articles / Histoire

Akademos, bouillon de cultures

Geypner

Evènement littéraire. GayKitschcamp qui œuvre à la mémoire LGBT depuis 1989 fait un appel à don pour la réédition d’Akadémos, la première revue homosexuelle française. Pour Strobo, Patrick Cardon, Président de l’association nous explique l’importance que revêt ce projet pour le patrimoine littéraire, historique et communautaire.


Peux-tu nous présenter Akademos ? 

Après avoir fêté ses 30 ans d’existence, GayKitschCamp, l’association dont l’activité principale aujourd’hui est la maison d’édition QuestionDeGenre/GKC a décidé de republier l’intégralité des 12 numéros de la revue Akademos que le baron Jacques d’Adelswärd-Fersen a dirigé en 1909. Présentée souvent comme la première revue homosexuelle française, elle se modèle sur les revues existantes comme le Mercure de France et la toute Nouvelle Revue française d’André Gide. Chaque numéro comporte 150 pages qui comportent des rubriques classiques : théâtre, musique, chroniques de différents pays. Akademos se présente comme une revue mensuelle d’art libre et de critique. Elle va faire découvrir beaucoup de jeunes auteurs qui y pré-publieront des textes ou tout simplement lui accorderont l’exclusivité. Les premières pages sont consacrées à Verlaine par l’anarchiste bisexuel Laurent Tailhade et se poursuivent par le suicide par amour à Venise pour un jeune homme d’un futur collaborateur de la revue, Jacques Laurent, ami de Jean Cocteau. Pour comprendre la revue, un volume assez consistant accompagne la réédition d’Akademos sous le titre d’Akademos, mode d’emploi. Ce volume réunit les chercheurs les plus prestigieux des questions LGBT dans le domaine littéraire et artistique de ce début de siècle.

Pourquoi rééditer l’intégralité d’Akademos aujourd’hui ?

Il aurait été plus facile de ne publier que les extraits les plus visiblement homosexuels de la revue mais en publiant l’intégralité des numéros et en les annotant, on s’aperçoit que les choix éditoriaux sont ceux de personnalités attachées à la «défense de l’autre amour». On découvre une véritable communauté lgbt friendly attachée à une fierté plus culturelle que politique. Cette communauté est constituée de plusieurs réseaux, grecs notamment autour de Jean Moreas, mais aussi naturalistes et post symbolistes/décadents. Cette intégralité et son étude apportera un éclairage peu connu sur cette période.

Qu’est-ce que ce média va nous apporter, nous offrir en 2022 ? 

Akademos nous fait découvrir sous un autre jour des auteurs encore connus aujourd’hui comme Marinetti, apôtre du futurisme, Colette, pour quelques récits et témoignages (music-hall), Henry Gautier-Villars, son premier mari (pour ses chroniques musicales), Laurent Tailhade et d’autres auteurs comme Verharen considéré alors comme le Whitman européen. Du coup, ressuscitent des auteurs, dont l’engagement à écrire dans cette revue, est en soi un acte militant. Les amateurs de poésie seront ravis.

Quelles sont les pépites que nous pourrons découvrir dans Akadémos sur l’histoire homosexuelle ?

Le volume adjoint, Akademos, mode d’emploi, nous révèle les trésors de cette réédition et aide le lecteur à les retrouver à la lecture des numéros eux-mêmes annotés. Si on parle de pépite, on peut aller de la plus petite à la plus grande :  un poème inédit de Fersen (signé Sonyeuse) «Daménos» ; un récit de Achille Essebac, «Palestres d’aujourd’hui», les portraits dessinés de Moyano, les portraits littéraires de Robert Scheffer. Pour Patrick Cardon, c’est le roman wildien Les Fréquentations de Maurice de Siney Place qu’il a décidé de reprendre en volume. Sidney Place est le pseudonyme de X.-M. Boulestin, le futur célèbre restaurateur londonien, à qui on doit, sous cette signature, des chroniques anglaises régulières.

Quand et comment pourrons-nous nous procurer Akademos ?

La revue Akademos sera publié fin avril sous la forme d’un coffret comportant 4 volumes brochés pour chacun un trimestre. Une formule reliée est aussi proposée. Elle est encore en souscription ici, avant d’être disponible dans les meilleures librairies ou par correspondance.


Partager:
PUB
PUB